Syd Matters, et les autres n’ont qu’à se cacher

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Avec « Brotherocean » inspiré par ses rêves, Faulkner et Garcia Marquez, Syd Matters noie une nouvelle fois la concurrence.

The Do, Cocoon, Montgomery, Revolver… Ils en ont vu les Parisiens de Syd Matters des groupes, et aucun de meilleur, leur griller la politesse et, sans faire la queue, tirer les marrons du feu. Premiers il y a sept ans, avec la sortie de A Whisper and a Sigh, à démontrer qu’on pouvait faire du folk, ou de la pop (c’est comme vous voulez) de qualité en anglais au pays de Saez, de Luke et des Wampas, Jonathan Morali et ses comparses se sont depuis dessiné une discographie impeccable dont la classe n’a jamais été prise en défaut. Ni même ne serait-ce que mise en doute.

Brotherocean, quatrième Syd Matters du nom, ne risque pas de mettre un coup à la réputation des garçons que certains prétendaient l’an dernier en panne d’inspiration voire, plus inquiétant, au bord de l’implosion. Premiers lauréats, en 2002, du concours CQFD organisé par les Inrockuptibles, Morali et ses amis avancent toujours à petits pas, préférant l’évolution à la révolution, mais ils complexifient leurs arrangements. Sur Brotherocean, qu’ils considèrent comme leur album le plus lumineux, les Français s’écartent discrètement de la simplicité acoustique et repartent gentiment à l’aventure. Entre écho aquatique et légères touches électroniques, Morali, qui continue d’impliquer de plus en plus ses partenaires dans le processus d’enregistrement, souffle sur les nuages et dissipe la brume comme un beau matin printanier. La journée est douce, onirique. La compagnie élégante, aérienne…

Vaisseau fantôme

Les albums de Syd Matters ne sont pas simplement beaux. Désarmants. Bouleversants avec leur délicatesse à fleur de peau. Ils sont aussi référencés. L’oeuvre d’un songwriter lettré clairement et profondément cette fois inspiré par la littérature. Wolf-mother et Hi Life, avec leur maison en feu, sont directement liés à la découverte de Lumière d’août, roman de William Faulkner sorti en 1932 et évoquant le conflit racial dans le sud des Etats-Unis. We are invisible et River Sister n’auraient jamais vu le jour sans la lecture de La Mer de John Banville recommandé à Jonathan Morali par un certain Dominique A. Tandis que Halalcsillag doit son nom à un vaisseau fantôme emprunté à une nouvelle du même nom de Gabriel Garcia Marquez.

Outre des bouquins, ce sont ses rêves, des « chansons préécrites » comme il dit, que Syd Matters a mis délicatement en musique (Rest). Et ces rêves, on prend un vrai plaisir à les partager. Car il faut bien l’avouer, la voix de Morali, c’est celle qu’on aimerait entendre tous les soirs nous raconter des histoires avant de dormir. Nous chanter ses berceuses. Et nous chuchoter ses secrets. Douillets comme un oreiller. C’est pas compliqué. Suffit d’appuyer sur play.

Syd Matters, Brotherocean , distribué par Pias.
Le 5 novembre à l’Atelier 210 (Bruxelles), le 10 novembre à la Brasserie Sauvenière (Liège).
Le myspace de Syd Matters.

Julien Broquet

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