Rencontre avec Warmduscher, cousin groovy de la Fat White Family

Clams Baker, cow-boy en tête de Warmduscher. © Holly Whitaker
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Funk débraillé. Warmduscher partagera un soir des Leffingeleuren avec Beak>. Portrait craché…

La première fois qu’on devait rencontrer Clams Baker, la rencontre était tombée à l’eau. Le leader de Warmduscher ne tenait pas la grande forme et venait de se casser la main en se ramassant dans les escaliers. « Rien d’excitant. Est-ce qu’on peut dire à la place que j’ai été frappé par la foudre alors que j’avais des relations sexuelles dans le jardin avec trois femmes divines? » À défaut de voir le rigolard Américain chez lui, à Londres où il est exilé, on l’a retrouvé à Lille il y a un bout de temps maintenant dans les loges de l’Aéronef entouré de toute sa bande. Des têtes plus ou moins connues. Toutes répertoriées dans le Who’s Who du rock britannique moderne. Pour la plupart dans la galaxie de la Fat White Family. Warmduscher est l’un des formidables rejetons, l’un des turbulents cousins du plus important groupe anglais de la décennie. Rien que ça…

Baker a grandi dans la petite ville de Cape Cod dans le Massachusetts. A bougé à Seattle pour étudier le music business. Puis est parti à New York pour la musique. « Je n’en faisais pas mais j’ai bossé pour une maison de disques. J’étais à fond dans la house. Je travaillais pour le label Strictly Rhythm. » Craig Louis Higgins Jr (ça a l’air d’être son vrai nom) a fini par se retrouver dans un groupe de rock électronique déjà foutraque: Black Daniel. « On a quand même sorti trois albums. Puis ma femme est de Londres. Ça avait du sens de déménager. » Warmduscher a vu le jour en 2014 à l’occasion du réveillon de Nouvel An. Clams y était alors entouré du noyau dur de la Fat White Family. L’édenté Saul Adamczewski, Lias Saoudi et Adam Harmer qui jouait de la batterie et tient la guitare aujourd’hui. « On essayait de faire un truc funk et instinctif. On ne cherchait pas quelque chose d’esthétiquement ou artistiquement parfait. C’était de la musique de fête jouée par un groupe de rock. Comme les Pussy Galore. Un truc un peu trashy. Ça a évolué depuis mais l’idée est toujours là. Ce sont nos fondations. »

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Funk, hip-hop des débuts… La plupart des influences de Warmduscher viennent de l’autre côté de l’Atlantique. « La seule chose vraiment anglaise dans Warmduscher, se marre Adam, c’est le fait que les gens pensent que Clams ment quand il dit être américain. » « C’est vrai en plus. Ça arrive tout le temps. Mais c’est parce que j’imite un Américain que je ne suis pas. Ce n’est pas un mensonge. J’en suis un. Mais pas celui-là… Ce personnage que j’ai créé, surjoué, doit prêter à confusion. »

La confusion, le chaos, Warmduscher (mauviette en allemand) s’en est fait une spécialité. Notamment parce qu’il est à géométrie variable. Enregistré par Clams, Saul et Jack Everett, son premier album, Khaki Tears, était aussi cinglé qu’improvisé. Le deuxième, Whale City, est une tornade fomentée avec Dan Carey (Kate Tempest, Squid, Black Midi…). Le gourou de la jeune et excitante scène londonienne a découvert le groupe lors d’un concert dans la maison de Mica Levi.

Lunch time

Acteur né, Baker prend de la place sur scène mais l’Américain qui aime les chapeaux de cowboy est tout sauf le seul maître à bord. « Tout le monde amène des chansons. Tout a une couleur différente mais quand on se met à jouer ensemble, on trouve notre identité. Ça ne sonnerait pas du tout de la même façon si chacun avait enregistré sa chanson dans sa chambre. On sonne comme Warmduscher je pense. On est très égoïstes. Si nous on aime, le reste on s’en branle. »

Sorti en novembre 2019 (juste avant que le monde s’arrête) et amorcé par la voix d’Iggy Pop (rien que ça), Tainted Lunch a renversé ce qui osait encore se dresser sur son passage. « Iggy avait pas mal joué Whale City dans son émission radio. Son producteur est un ami à nous. On lui a envoyé le texte et demandé de penser à une vieille station de radio. On avait ce côté funk en tête. On n’en a pas nécessairement parlé des masses. Mais on voulait aller vers ce funk débraillé. Tout le monde est sale dans ce groupe. Chacun à sa manière… »

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La seule chose que Warmduscher dit avoir fait consciemment pour fabriquer son album, c’est d’aller voir Mandy. Apparemment, ce film de Panos Cosmatos dans lequel un couple se retrouve à la merci d’une secte et de son sadique gourou. S’il ne s’agit pas d’un disque thématique, son nom, Tainted Lunch, est inspiré par un sordide fait divers. L’histoire d’un mec en Allemagne qui avait empoisonné les repas de ses collègues pendant 20 ans. « Les gens sont morts après des années. Au départ, tout le monde pensait que ce n’était que des coïncidences. Il les a empoisonnés avec des métaux lourds. C’était lent et douloureux. Horrible. » Au final, 21 décès suspects (crises cardiaques et cancers). « On a découvert ce bazar dans le métro je pense. Il faudrait en faire un documentaire. Mais c’est une histoire encore récente. Le gars n’a été condamné à perpétuité qu’en 2019. »

Clams, Jack, Adam et Ben Romans Hopcraft (Insecure Men) parlent du Brexit et des prix excessifs des visas d’artistes. Des Stooges, de disco et de vieux funk africain. Des compilations Zamrock et Music from Zaire. Ils évoquent également la science-fiction. Samuel Delaney, David Ohle… « Ce dernier écrit des nouvelles vraiment bizarres, raconte Jack Everett. Tu dois t’accrocher mais ça en vaut la peine. C’est apparemment le mec qu’embauchait William Burroughs pour retranscrire ses songes. William se réveillait et ce type écrivait ce qu’il avait rêvé. » Entre esprits tordus…

Warmduscher, Tainted Lunch, distribué par Leaf/Konkurrent. ****(*)

En concert le 17/09 avec Beak> aux Leffingeleuren, Leffinge.

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