Pourquoi Twitch cartonne en plein confinement

Rémy Venant, batteur de La Jungle, propose un set de 30 minutes tous les mardis sur Twitch © capture d'écran Twitch

Alors que le trafic Internet a augmenté de près de 70% dans les régions confinées, la plateforme de streaming Twitch tire son épingle du jeu. L’affluence monte en flèche depuis le mois de mars grâce notamment à de nouveaux arrivants, toujours plus nombreux. Explications avec Damien Aresta et Mateusz Kukulka.

Quelques plantes, un balcon et de hauts immeubles bruxellois en toile de fond, une basse lourde fait son entrée. 21h sonne quand Pauline Miko, alias Pluies débute sa performance au côté de Strapontin. Cette Belgo-Hongroise propose depuis plus d’un an une expérience originale en émettant des sons via des électrodes et des capteurs connectés à des plantes. Mais cette fois-ci, l’originalité repose également sur le fait que toute la performance se voie retransmise en direct sur la chaîne Twitch de Luik Music.

Créé en 2011, Twitch est une plateforme de streaming et de VOD initialement consacrée aux jeux vidéo. Elle permet à des « streamers » de diffuser du contenu en direct pour des spectateurs qui peuvent réagir simultanément dans un « tchat ». Rachetée depuis par Amazon, elle s’est ouverte au contenu non lié au gaming. Début 2020, Twitch attirait déjà une moyenne d’un 1,4 million de spectateurs en simultané. Mais ce chiffre augmente significativement avec le confinement. C’est plus de 5 millions de chaînes actives qui ont été recensées en mars, une croissance de près de 35% par rapport au mois précédent.

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Confinement oblige, nombreuses sont les personnes à chercher de nouveaux contenus ou de nouvelles activités. Damien Aresta, du label indépendant Luik Records, y a vu l’opportunité de lancer un projet qui trottait dans sa tête. « Avec Jean-Baptiste, mon associé au sein du label, on avait depuis longtemps l’envie de créer une chaîne sur Twitch, mais sans vraiment prendre le temps de le faire. C’est un gamer invétéré, c’est lui qui connaissait la plateforme. Mais là, avec le début de la crise, on s’est dit que c’était le moment! » Pour lui, Twitch était le choix logique. La plateforme est plus appropriée et il n’avait pas envie de le faire sur Facebook ou Instagram qui sont déjà sursaturés de lives d’artistes en cette période. « On a aussi remarqué qu’on était plus de passage sur ces plateformes. Sur Instagram, on scrolle, on voit qu’il y a une petite boule de live au-dessus, on regarde huit secondes et ensuite on fait autre chose. Sur Twitch, il y a vraiment l’idée de rendez-vous. »

Mettre en place un programme

La semaine du lancement rime avec expérimentation et apprentissage. Il faut appréhender une nouvelle plateforme et les possibilités qui l’accompagnent. « Jean-Baptiste streamait du jeu vidéo pendant qu’on diffusait des playlists avec des artistes de chez nous. J’ai aussi essayé de faire une émission du matin avec des musiques plus chill pour se réveiller et avec des images de campagne en fond. » Mais la sortie du premier album du groupe bruxellois Annabel Lee donne des idées: pourquoi pas de tenter un live le soir de la sortie. « Ce live-là a super bien marché, on avait en moyenne entre 100 et 150 personnes en simultané durant l’heure et quart de concert. C’était bien pour commencer, ça a aidé à asseoir la chaîne.« 

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Depuis, Luik Music organise quotidiennement des performances live de ses artistes qui rassemblent en moyenne entre 15 et 30 personnes en simultané. Le mardi, c’est Rémy Venant, le batteur de La Jungle qui propose son jeu frénétique et amène un nouveau public sur Twitch. « Parmi nos followers actuels, il y en a qui ne connaissait pas la plateforme avant, qui sont venus parce qu’on leur a dit de venir. On essaye de créer une nouvelle communauté qui manque sur Twitch et je pense que ça intéresse les personnes déjà présentes d’avoir autre chose que le gaming. Mais on ne prétend pas être des influenceurs, ce n’est pas avec nous que la communauté va doubler!« 

Un basculement vers Twitch

De son côté, Mateusz Kukulka, expert en Social Media et professeur à l’ISFSC, observe un basculement des spectateurs de Youtube à Twitch depuis l’élection de Donald Trump en 2016. « Sur Youtube, on a eu une énorme vague de fake news. Il y a alors eu une volonté de plus d’authenticité et de moins de montages. Certains se sont donc dirigés vers Twitch. »

Chemin qu’il a également décidé d’emprunter. Le 23 février, il lance sa chaine sur la plateforme et met en place un horaire qu’il tient. Le live s’allume alors tous les soirs de 22h à 23h30, plus le dimanche à 11h. « Je voulais tester des choses. L’idée c’est de parler de sujets que j’évoque en classe mais sur une plateforme qui, à mon avis, va encore prendre plus deplace en 2020 et dans les années qui viennent. »

Réseaux sociaux, E-sport, start-up et culture, à chaque jour son sujet évoqué pendant 1h30 avec des invités venus des milieux en question. Le confinement est alors une aubaine pour développer le projet et attirer un public de plus en plus fidélisé. « J’aime ce journalisme augmenté où l’on est plus tout seul face à l’interviewé. Les personnes réagissent dans les commentaires et posent des questions, je trouve ça génial.« 

Si le confinement a permis de mettre en place un projet, voire de l’affirmer, le but est évidemment pour Damien Aresta de le continuer. « Là, on discute pas mal avec plusieurs autres créateurs, comme Mateusz, pour mutualiser une sorte de chaîne. L’idée serait d’avoir du live constamment, un peu comme sur une télé avec une grille et des programmes, pour tenter de fidéliser une audience. »

Arno Goies

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