Critique | Musique

My Back Was a Bridge for You to Cross, album cinq étoiles d’Anohni and the Johnsons

5 / 5
credit_ Image by ANOHNI with Nomi Ruiz c. Rebis Music 2023
5 / 5

Album - My Back Was a Bridge for You to Cross

Artiste - Anohni and the Johnsons

Genre - Pop

Label - Distribué par Rough Trade/Konkurrent

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Ça en surprendra plus d’un·e. Profondément marqué par le What’s Going On de Marvin Gaye, My Back Was a Bridge for You to Cross a été fabriqué avec le producteur Jimmy Hogarth notamment connu pour son travail avec Amy Winehouse, Sia, Duffy et Tina Turner. Il y a clairement une vibe soul sur ce disque d’Anohni, nettement moins dépressif que ceux de ses débuts. My Back… est un album beau, fort et tendre, plein de symboles et d’empathie. Il parle d’inégalité, d’acceptation, d’aliénation, de cruauté, d’écocide, de dévastation. Mais après Hopelessness (2016) et ses rythmes électroniques sur lesquels elle condamnait impitoyablement les injustices récurrentes, Anohni prône ici la nécessité du pardon.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Titre d’ouverture de l’album et premier morceau qui en a été dévoilé, It Must Change évoque des schémas systémiques qui heureusement s’effondrent avec un soupçon de compassion pour celles et ceux qui se sentent largués par ces transformations sociales. Si l’activiste Munroe Bergdorf, la première mannequin transgenre à avoir figuré en couverture du Cosmopolitan anglais et à avoir été embauchée par le géant cosmétique L’Oréal apparaît dans son clip, c’est Marsha P. Johnson qui prête son visage à la pochette de My Back Was a Bridge for You to Cross. Marsha à qui le titre du disque fait référence et à qui Hegarty, alors encore Antony, rendait jadis hommage en appelant son groupe les Johnsons. En 1992, alors âgé de 20 ans et parti à New York étudier le théâtre expérimental, Anohni avait brièvement rencontré cette femme trans, travailleuse du sexe et militante LGBTQ+ qui avait participé aux émeutes de Stonewall. C’était une semaine avant qu’elle ne soit retrouvée morte dans l’Hudson River.

Le splendide Sliver of Ice est une chanson d’au revoir à Lou Reed inspirée par une conversation qu’ils ont eue juste avant sa mort au sujet d’un glaçon sur la langue. Une perle parmi d’autres sur ce sixième album studio formidable de bout en bout. Un disque lumineux, enlevé même parfois (Can’t), sur lequel on croirait presque entendre Erlend Øye (It’s My Fault).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content