Micro Festival, un bon bol d’airs

Micro Festival
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A Liège, le onzième Micro Festival s’est déroulé sans masques et mesures de distanciation sociale. Une bonne bouffée d’oxygène et le retour aux vraies joies du concert.

Des concerts sans distanciation sociale. Sans chaise, sans table, sans bras de distance et sans masque. Faute d’être allé se promener à Esperanzah!, à l’une ou l’autre fiesta illégale près, cela fait depuis le 11 mars 2020 (Ozferti à La Rotonde du Botanique) que ça ne nous était plus arrivé. Evénement test, le Micro Festival à Liège fonctionne au Covid Safe Ticket. Vaccination complète + deux semaines, test PCR… Le débat a divisé jusqu’à l’équipe organisatrice qui publiait il y a quelques jours un petit texte pour éclairer son positionnement. « La crise démocratique que nous traversons est éreintante pour tout le monde, justifiait-elle. Notre envie est d’offrir une safe zone mentale/culturelle, une pause, une trêve. Retrouver le monde d’avant l’espace de deux jours, tout oublier. Recharger les batteries pour un automne qui s’annonce déjà compliqué. »

Procurer du plaisir. Exercer son métier. Un métier qui supporte mal les gestes barrières… Si quelques « vaccosceptiques » et pseudo combattants de la liberté ont boycotté le rendez-vous et pas manqué de faire entendre leur point de vue d’expert, le Micro a donc vécu ce week-end sous la forme d’un « compromis exceptionnel, d’une version provisoire, d’un oneshot validé par toute l’équipe à contre-coeur (parce que les alternatives étaient soit de le faire assis à table par groupe de quatre, soit de ne pas le faire du tout). »

Tous les tickets week-end étaient partis. La journée de samedi affiche complet. Le Micro 2021, c’est 2.500 personnes pour renouer avec le monde d’avant. Deux jours de concerts pour retrouver les joies de la musique en public sans se faire engueuler parce qu’on a le masque en-dessous du nez et sans regard inquiet parce qu’on s’est mis à tousser.

Pour faciliter et démocratiser l’accès au festival, des tests antigéniques sont proposés samedi et dimanche entre 10 et 15h à la Caserne Fonck. 8 euros le tripotage de narines. Une solution rapide et pas trop onéreuse.

Respiration dans un été festivalier atrophié, grande bouffée d’oxygène dans un monde et une industrie encore asphyxiés… Le Micro a fait un bien fou avec les qualités qu’on lui connaît. Sa taille humaine, son esprit de découverte et sa convivialité. Des copains, de la musique et de la bière. Un sentiment étrange se dégageait aux premières heures de cette fausse banalité. C’est quand on perd les choses qu’on se rend compte de leur valeur et l’amateur de spectacle vivant a eu pratiquement un an et demi pour le méditer.

Et les groupes dans tout ça? De la Circus Stage à l’Oasis 3000, le mini festival liégeois a à nouveau défendu une vision de la musique sans oeillères. Plutôt rock le samedi. Jazzy, jammesque et voyageuse le dimanche. Au Micro, cette année, il y avait des membres historiques de dEUS qui se faisaient plaisir: les improvisations de Stef Kamil Carlens, Rudy Trouvé et de leurs amis avec leur projet à géométrie variable I H8 Camera. Le chanteur australien du Villejuif Underground Nathan Roche venu défendre son album solo avec des musiciens gantois (il y a quelques semaines, il tournait encore tout seul avec sa gratte et son ordinateur). Il y avait aussi du jeune jazz belge (The Brums, Echt…) ou encore du funk asiatique à la sauce hollandaise. Psychédélisme thai et vietnamien fabriqué par des voisins de Maastricht (Yin Yin). Nous, on a surtout craqué pour le concert de L’Eclair, leurs camarades du label globe-trotteur Bongo Joe, et leur « kraut-exo-soul-brutal-funk-turkish-groove garanti 100% sans costards ». On a aussi flashé sur Kamikazé. Les nouvelles aventures de Jérémy Alonzi. Ginger Bamboo, Müholos… A chaque Micro, le chanteur et guitariste animal de l’Experimental Tropic Blues Band sort un nouveau projet de son chapeau. Cette fois, il se la joue Rémy Bricka sale et rock’n’roll, Alan Vega de bord de Meuse. Au milieu de la foule, l’homme orchestre, laboratoire sonore ambulant, a le rock sauvage et le bordel à portée de Korg. Entre éructation fiévreuse, dérapages incontrôlés et slow qui évoque la Fat White Family, Kamikazé a fait des loopings au dessus de l’Espace 251 Nord et transformé l’après-midi en boîte de nuit underground… Retour vers le futur. On retrouve vite ses habitudes.

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