Micro Festival : le plein de super

© Guillaume Scheunders
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Punk marocain au féminin, percussionniste iranien, électro kraut en latin… Le Micro a fait du bien.

La Belgique est historiquement une terre de festivals mais l’été a rarement été aussi chargé en concerts que cette année. Ce week-end, alors que Ronquières faisait la fête à Louane, Julien Doré et Eddy de Pretto, puis que Coldplay commençait à s’enfiler ses quatre stades Roi Baudouin (faut de tout pour faire un monde comme chantait le générique d’Arnold et Willy), le Micro Festival célébrait autour de l’Espace 251 nord les musiques indépendantes et alternatives. Des prix raisonnables, une programmation pointue, exigeante, singulière. Un tas de découvertes et trois full journées bien imbibées (bin oui, on est à Liège).

Au Micro, on a dansé sur des mecs qui chantaient en latin (les Zombie Zombie d’Etienne Jaumet). On a vu un rappeur survolté qui jouait au bowling avec les spectateurs (Pink Siifu and the Negros, moitié free jazz moitié Bad Brains, 100% timbré). On s’est laissé hypnotiser par un bluffant percussionniste iranien (Mohammad Reza Mortavizi) et on s’est pris une claque avec le rock’n’roll taré d’handicapés mentaux qui gueulent les aiguilles dans le bras (celles de la vaccination pas celles des drogues dures) et les poings dans ta gueule (faut pas dévisager Julien quand il va à la boulangerie). Chevalier Surprise incarne bien le Micro Festival. D’abord parce que Jeremy Alonzi en est un habitué. Il y joue tous les ans avec un projet différent (The Experimental Tropic Blues Band, Ginger Bamboo, Müholos ou encore l’année passée Kamikazé) et y anime une grande compétition internationale de… chaises musicales. Ensuite parce qu’il cultive la différence et non l’indifférence. Chevalier Surprise est dingue. Brut. Plein de bonnes ondes. A ne pas rater près de chez toi…

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«Si vous voulez en savoir davantage sur le groupe, venez nous voir. On est là.» Les Anglais de O. aussi sont dans leur élément en bord de Meuse. Découvert l’hiver dernier en première partie de Black Midi au Botanique, le duo batterie/saxophone n’a pas encore de disque et n’est évidemment pas le plus facile à retrouver sur les internets. Mais il communique à l’ancienne. Et avec sa musique instrumentale aux confins du rock, du jazz et des musiques électroniques, il offre une proposition inattendue vu la formule. Malgré quelques problèmes techniques et un sax récalcitrant, un des concerts du week-end. Celui de Veik aussi valait le déplacement. Kraut rock de Caen. Les fans de Can, de Neu!, de Suicide, de Beak> ont apprécié. On vous recommande encore Surrounding Structures, leur premier LP, sorti l’an dernier chez Fuzz Club.

© Guillaume Scheunders

Que retenir d’autre de cette édition 2022? Que 2500 personnes, c’est bien pour un festival et qu’il en faut pas plus. Que les Suisses de Cyril Cyril (batterie, banjo et collier en coquilles de moules) sont tous sauf neutres. A l’image en somme de leur dernier album Yallah Mickey Mouse et de leur magasin/label genevois Bongo Joe. Que le chanteur agité de Tramhaus (le meilleur du post punk rotterdamois) est juste parfait avec sa moustache et sa coupe mulet. Que les Français d’Heimat ont quand même sorti un putain de disque avec Zwei l’an dernier. Qu’Italia 90 (argh, ce but de David Platt…), c’est top dans le genre post punk à la The Fall, Gang Of Four, Wire et compagnie. Qu’il faut arriver à l’heure aux concerts sauvages et masqués de Taqbir (du punk marocain au féminin en darija). Que Clément Nourry est un sacré guitariste et qu’on attend avec impatience le nouveau Under The Reefs Orchestra (c’est pour le 23 septembre). Puis qu’Asa Moto (les cousins gantois des frères Dewaele) était parfait pour terminer les festivités. On se revoit l’an prochain. On est repartis avec des jetons…

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