Meyy, le portrait: « Ce n’était pas très malin d’essayer de combiner études et musique »

Meyy fait ce qui lui plaît © Michael Smits
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Entre bosse des maths et science du tube pop, la jeune Bruxelloise a tranché. Désormais installée à Londres, Meyy entend bien saisir sa chance.

La veille encore, elle achevait sa session. On ne parle pas ici de session studio, non. Après plus d’un mois de blocus, Meyy a passé son dernier examen de janvier. Inscrite à l’Université de Delft, section ingénieur civil, la jeune Flamande bruxelloise respire enfin. Elle va pouvoir se consacrer à son (autre) passion, la musique. Jusqu’ici, elle menait les deux de front. « Mais j’ai décidé de mettre un peu les études entre parenthèse à partir de maintenant. Ce n’était pas très malin d’essayer de combiner. Je vais d’office finir mon bachelier. Je me suis trop investie dedans, j’y ai mis toute mon âme. Mais je sens bien qu’en ce qui concerne la musique, les choses s’accélèrent. Je suis dans un momentum. Ce serait bête de passer à côté. »

Le momentum en question, c’est notamment la sortie d’un second EP, Neon Angel, deux ans après Spectrum, ou encore un concert à l’Ancienne Belgique (le 12 mars prochain). À l’automne dernier, la jeune femme a également signé un contrat avec un management anglais. Depuis, elle a même déménagé à Londres. « C’est encore très frais. Je sens qu’il y a de la curiosité autour de mon projet, que les gens croient en moi. J’ai envie de voir ce que cela peut donner. De toutes manières, je n’aime pas faire les choses à moitié. Idéalement, j’aurais voulu pouvoir m’investir à fond dans mes études, tout en développant ma musique. Mais comme il n’y a que 24 heures dans une journée… »

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Au frigo donc, les ambitions de travailler un jour dans l’industrie spatiale ou de concevoir des modèles de F1. Charlotte Meyntjens la geek des math a décidé de laisser toute la place à Meyy, la sylphide pop. Ce qui lie les deux? « Je regardais encore l’autre jour une interview de Chloe x Halle qui expliquaient à quel point l’écriture de chansons est quelque chose de mathématique. C’est beaucoup d’artisanat. Et, certes, aussi un peu d’inspiration. Heureusement d’ailleurs, sinon il y aurait encore davantage de musique dans le monde (rires). »

Mais encore? À quel moment l’élève assidue a-t-elle ouvert la porte à la chanteuse langoureuse? Récapitulons: Charlotte Meyntjens est née en 2001, à Bruxelles. À 8 ans, elle se met au piano -sa mère est virtuose. Mais l’année à l’académie l’ennuie royalement. Elle continue en autodidacte. Pareil pour la guitare. Elle chante également -son père a fait partie d’un choeur, avec lequel il a même tourné à l’étranger. À 11 ans, elle compose un premier morceau (« une bête chanson, pour l’anniversaire de mariage de mes grands-parents, mais avec déjà une structure couplet-pont-refrain« ). À vrai dire, elle se serait aussi bien vue ballerine. Elle étudie d’ailleurs le ballet au conservatoire. Mais une blessure, à l’âge de 16 ans, l’oblige à faire un pas de côté.

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Work in progress

Hasard (ou pas?), c’est à ce moment-là qu’elle poste son premier titre sur SoundCloud, un simple guitare-voix baptisé Adore. Hasard (ou pas?), c’est aussi à cette période-là qu’elle change d’école. « J’ai commencé mes secondaires à Laeken, mais c’était vraiment super Vlaams (sic) comme école (rires). Ce n’était pas non plus un environnement très créatif. Même si, à l’époque, je ne me voyais pas moi-même comme quelqu’un de très créatif. » En cinquième, contre l’avis de ses parents, elle s’inscrit donc au Maria-Boodschaplyceum, du côté de Dansaert au centre-ville. Elle y fait notamment la connaissance de Lucas Roefmans, qui produit des morceaux sous le nom L’étreinte. À deux, ils élaborent leur propre tambouille néo-pop. De fil en aiguille, Meyy se fait repérer par le producteur Wouter Van Belle (« l’une de mes meilleures copines connaissait bien sa fille« ), qui la signe bientôt sur son label Sanseveria.

En janvier 2020, sort l’EP Spectrum. La voie de Meyy semble alors toute tracée. C’était sans compter la pandémie… « C’est aussi le moment où j’ai commencé à me plonger dans un autre genre de musique. J’avais composé la plupart des titres de Spectrum, quand j’avais 15-16 ans. Trois ans plus tard, j’avais d’autres envies. Je voulais aller vers quelque chose d’un peu moins « mignon », vers des morceaux plus anguleux. Mais, sans vouloir viser qui que ce soit, je ne me sentais pas vraiment comprise. À la fin, j’étais paumée, je ne savais plus trop qui j’étais… »

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En signant avec un management anglais, Meyy va parvenir à sortir de l’ornière. À propos de cette nouvelle vie londonienne, on la sent à la fois enthousiaste et la tête bien sur les épaules. « Se retrouver tout à coup à travailler avec des gens qui ont bossé avec tes idoles, c’est forcément excitant, mais aussi très intimidant. Il a fallu que je me pose, et, surtout, que je n’oublie pas mes intentions de départ, ce qui est le plus important. Et puis j’ai aussi conscience que la musique est un monde compliqué. Cela reste une industrie super capitalisée. Je reste prudente… (sourire). »

En attendant, le nouveau EP Neon Angel confirme sa marche en avant. Entre pop trouble (pensez FKA Twigs) et r’n’b alternatif (son duo avec la Française Joanna), la jeune femme affine un peu plus son univers. Sans vouloir non plus encore trop s’enfermer -à 21 ans, il ne manquerait plus que ça. « Pourquoi ne pas tenter par exemple des morceaux plus frontalement pop? Ado, j’avais tendance à snober les gros tubes commerciaux. Mais il y a quelque chose de fascinant à composer un titre qui cartonne, c’est un vrai défi. Pour être honnête, j’ai déjà un peu essayé, mais cela ne donne pas (encore) grand-chose. Mais qui sait? Un jour peut-être… »

MEYY, Neon Angel, distribué par Dream Lucid. ***(*)

En concert notamment le 12/03 à l’Ancienne Belgique.

Meyy, le portrait:

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