Madonna: « La France était un pays très accueillant »

© Reuters

Après une absence de près de dix ans, Madonna a fait son grand retour à la télévision française. Lundi soir, elle était l’invitée du Grand Journal sur Canal +. Knack Focus a assisté à l’émission à Paris.

Ces derniers mois, Antoine de Caunes a vu baisser les audiences de son talkshow quotidien à un peu plus de 1,3 million de spectateurs, un nombre pourtant apparemment toujours suffisant pour Madonna qui fait sa tournée de promo la plus intensive depuis la sortie de Confessions on a Dancefloor (2005).

Le Front National

Que la venue de Madonna au Grand Journal ait été attendue avec impatience n’était pas dû uniquement à son absence prolongée de la télévision française ni au fait que l’émission était tournée en direct. Au cours d’une interview accordée à la radio française Europe 1, la chanteuse avait en effet fait des déclarations étonnantes sur le climat actuel en France et la montée du Front National, susceptible selon les derniers sondages de devenir le premier parti du pays aux élections départementales qui auront lieu dans quelques semaines.

« La France était le pays qui avait le premier accepté les gens de couleur » a raconté Madonna sur Europe1. « Elle avait accueilli des artistes comme Joséphine Baker, Charlie Parker, des écrivains, des peintres… Bref je rappelais que la France avait été une terre d’asile pour tous ces gens-là, que la France avait encouragé la liberté, sous toutes ses formes, au cinéma, dans les arts en général. Et que malheureusement, cet esprit avait complètement disparu. (…) Cette époque folle que nous traversons me fait penser à l’Allemagne nazie. Tous ces gens, ce niveau d’intolérance, c’est effrayant, et cela ne concerne pas que la France, c’est vrai pour l’Europe tout entière, mais particulièrement pour la France ».

En outre, les Français n’ont pas encore oublié le MDNA Tour de 2012, où un montage vidéo avait assemblé la tête de Marine Le Pen et une image d’Hitler et d’un svastika. Le FN a porté plainte et la chanteuse a été huée par des sympathisants du Front National lors d’un concert à l’Olympia à Paris. Ces derniers jours les déclarations de Madonna sur Europe 1 ont également fait l’objet d’une polémique même si on ne l’a pas fort remarquée sur le plateau du Grand Journal à Paris. Le public était composé majoritairement de fans qui avaient gagné leur siège alors qu’Antoine de Caunes et les chroniqueurs n’essayaient pas de mettre la star sur le grill. Celle-ci avait en effet été annoncée comme rédactrice en chef invitée de l’émission, ce qui excluait d’avance les questions critiques.

Consignes de sécurité

Néanmoins, les consignes de sécurité étaient très strictes. Ainsi, les téléphones mobiles, les appareils photo et même les carnets de notes devaient rester au vestiaire. Un collaborateur de Canal+ qui avait pris une photo du plateau avant le début de l’émission a été sorti de la pièce par les gardes du corps de Madonna. Lorsqu’à la fin de l’émission il s’est avéré qu’un programme du cd Rebel Heart avait disparu, toute l’assistance a dû à nouveau ouvrir son sac avant de quitter le bâtiment.

Réconciliation

Au programme de la soirée, il y avait surtout de l’actualité politique, de la politique de Poutine à l’égard de la communauté LGTB à l’élection potentielle d’Hillary Clinton à la présidence des États-Unis. Au lieu de provoquer, Madonna s’est exprimée d’un ton conciliant, même à l’égard de Marine Le Pen. « L’image qu’ont les gens de moi et de mes motivations change souvent après qu’ils aient eu une conversation avec moi » a-t-elle déclaré. « Peut-être que je ne comprends pas très bien Marine Le Pen. Je voudrais bien la rencontrer autour d’un verre et comprendre d’où viennent ses points de vue » a-t-elle dit. Entre-temps, la présidente du FN s’est dite prête à rencontrer la star.

Freedom fighter

Il était également difficile de ne pas parler des attentats récents à Paris. Madonna figurait en effet parmi les nombreux artistes à reprendre le logo « Je suis Charlie ». Selon certains critiques c’était pour promouvoir son nouvel album, même si le dessinateur de Charlie Hebdo Luz, également invité, n’y voyait pas de problèmes. « Je n’avais jamais cru que nos chemins se croiseraient un jour » a dit le dessinateur après une longue accolade avec Madonna.

Ensuite, Madonna s’est qualifiée de « freedom fighter » et a remercié Luz pour son dévouement. « Les caricaturistes de Charlie Hebdo ne sont pas morts pour rien », a-t-elle ajouté. « Ils ont suivi les traces d’autres héros morts parce qu’ils défendaient leurs droits » ou comment un programme probablement planifié de A à Z a tout de même donné lieu à un moment émouvant.

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Stromae

Le but de l’émission était surtout de mettre en valeur le côté engagé de Madonna et donc l’entretien n’a pas presque pas porté sur la musique même si la chanteuse a déclaré que le titre de l’album Rebel Heart reflétait autant ses traits romantiques que rebelles. Un peu dommage pour un album qu’on dit être le meilleur depuis Confessions on a Dancefloor et qui explore plusieurs styles de musique différents.

Au lieu de cela, Madonna a chanté un remix de Living for Love et la ballade Ghosttown, qui sera le deuxième single de Rebel Heart. Au dernier moment, elle a décidé de ne prendre aucun risque et d’enregistrer les deux titres juste avant l’émission, une aubaine pour le public dans le studio qui a finalement pu entendre Ghosttown deux fois. Madonna qui chante très sans aucune anicroche, mais qui n’est pas entièrement satisfaite, c’est ainsi aussi qu’on la connaît.

Wim Denolf

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