Les Ardentes J1: Des airs de classico

La Smala © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour cette première journée de festival, le hip hop belge rejoue Standard – Anderlecht. Avec Starflam versus La Smala.

Le rap en festival ? C’est un pétard. Parfois mouillé, quand un gugusse se contente de déblatérer mollement devant un DJ. Mais quand ça pète, ça pète. Les Flatbush Zombies, par exemple. Sur le coup de 19h30, les mecs de Brooklyn réussissent à foutre un sacré boxon. Le dispositif scénique n’est pas plus spectaculaire que d’habitude, limité à un DJ et trois MC’s. Mais l’énergie déployée est à ce point communicative, et les beats jouissifs, que la sauce prend immanquablement. Le rap du trio balance du lourd, virées trap hautement festives. Après un morceau à peine, Meechy Darko a déjà envoyé valser son t-shirt « zombie » dans le public. Il finira le concert dans la foule, après plusieurs crowdsurfings. Le seul message de la soirée sera délivré en fin de set : « open your fucking mind ! », annonce la voix grailleuse de Darko, reçu 5 sur 5.

Cela étant dit, les Américains ne sont pas les seuls dans la place. Les locaux ont aussi des choses à revendiquer. Aux Ardentes, la programmation noir-jaune-rouge a même des allures de classico. Un bon vieux Anderlecht-Standard, en version hip hop. Dans le rôle des Mauves, la Smala bruxelloise, et leur rap bon esprit. Franchement, programmé en fin d’après-midi, le crew fait le boulot. Sans forcer, mais sans rien lâcher non plus. Avec toujours ce sens de l’ouverture, presque pop, et cet esprit hip hop qui ne peut que renvoyer à l’âge d’or des nineties. Yes Mani, par exemple, est déjà un classique. Seyté, bon prince (de Liège), a même enfilé un maillot rouche pour l’occasion. Fair play.

Parce qu’après, y a Starflam. Les aînés. Le seul groupe francophone (et liégeois) à avoir vraiment connu un succès conséquent en Belgique, francophone ET flamande. La filiation avec la Smala n’est pas voulue, mais elle n’en reste pas moins évidente. Question de vibes, question de flow. Et d’esprit aussi. Même si la différence de générations se fait sentir, quand Starflam balance la classique Ce Plat Pays II. L’occasion de rappeler que, oui, à un moment, le rap ne faisait pas seulement la fête, mais se greffait aussi sur les tourments de l’époque. D’ailleurs, sur scène, Kaer porte le maillot de foot de l’équipe nationale grecque. C’est d’ailleurs ce qui frappe peut-être le plus : même sur le retour, Starflam semble toujours sur la balle. Certainement pas novateur, ni au sommet de la modernité hip hop. Mais avec toujours l’une ou l’autre chose à dire. Ce qui n’est déjà pas si mal.

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