Le tourbillon Janelle Monae déboule à la Rotonde

© EPA

La dernière sensation R’n’B 2.0 était sur la scène de la Rotonde, lundi soir, pour un showcase privé. Compte-rendu.

Y a-t-il quelqu’un aujourd’hui, dans le petit monde de la pop, de plus passionnant à suivre que Lady Gaga? Ou Kanye West? On veut dire quelqu’un qui est prêt à secouer un peu le cocotier, à agiter le flacon, bref à faire « bouger les lignes » (comme on disait en 2007)?

Par ici, on a fait le pari de Janelle Monae. Et ce sur la foi d’un seul album, sorti au printemps dernier: le très conceptuel The Archandroid, composé très pompeusement de deux suites, mêlant soul, R’n’B, rock, hip hop…

A 24 ans, la donzelle ne manque pas de culot et d’ambition. Ni de caractère. Quitte à déjà se prendre le melon… Il suffit de lire les quelques interviews distillées à gauche et à droite: Monae y croit et s’y croit, entre propos fumeux et discours mégalo. Une diva déjà? Et pas qu’un peu. « Invitée » par sa firme de disques à jouer un showcase privé à Bruxelles, lundi soir, l’Américaine a apparemment multiplié les exigences, réservant au passage un seul créneau promo, au Laatste Show , le talk de milieu de soirée de la VRT.

Les raisons de se montrer méfiant ne manquaient donc pas, en arrivant au Botanique, hier soir. Prévue à 21h, c’est même avec une heure de retard que Monae débarque sur la scène de la Rotonde. Juste avant, la sono a glissé l’air de rien le People Are Strange des Doors. C’est à ce moment-là qu’un maître de cérémonie, haut de forme et queue de pie, se faufile dans le public, prend le micro et annonce, comme dans toute bonne revue, la vedette de la soirée.

Monae déboule sur scène au milieu de deux danseuses, toutes les trois dos au public, cachées sous une grande cape noir. A leurs côtés, un claviériste, un batteur, et un guitariste. Dans le fond de la scène, un écran sur lequel défile un générique, pour une intro en cinémascope, façon Citizen Kane. On a beau ricaner, cela fait son petit effet. Surtout que derrière, il y a la claque.

Comme sur le disque, Monae entame Dance Or Die à du trois cents à l’heure. La voix est là, le groove aussi. Pour une entrée en matière, c’est franchement réussi. Surtout qu’en enchaînant directement avec Faster, elle accélère encore un peu plus le tempo. Ça trépigne, ça danse, ça claque dans les mains. Un vrai tourbillon sonique qui fait étonnament beaucoup de bruit, une sorte de blitzkrieg soul bluffant, qui emporte tout sur son passage. Elle, à fond dans son rôle d’androïde, multiplie les mimiques, tout en dansant dès qu’elle le peut. C’est de l’entertainment à la fois réglé au millimètre et en même temps complètement exubérant.

Après une vingtaine de minutes, pied au plancher, la donzelle calme deux secondes le tempo, seulement accompagnée d’une guitare (Smile). Elle relance ensuite une nouvelle fois la machine, avec les singles Cold War et Tightrope. Derniers gimmicks, ultimes déhanchements, one-two-three, merci, au revoir, et le Purple Haze de Jimi Hendrix pour accompagner la sortie de scène. Tout cela n’aura duré qu’un peu plus d’une demi-heure. Mais cela aura suffi à voir défiler toute une tradition musicale nord-américaine, de Cab Calloway à Prince, de James Brown à Outkast. Une belle claque…

Laurent Hoebrechts

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