Critique | Musique

L’album de la semaine: Sun Kil Moon – Benji

Sun Kil Moon © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

FOLK | Troubadour de l’indie folk, l’ancien Red House Painters Mark Kozelek dégage un album bouleversant marqué par les deuils passés et à venir.

L'album de la semaine: Sun Kil Moon - Benji

Mark Kozelek. Ce nom aux résonances tchèques, les spécialistes de la scène indie nineties le connaissent. Si ce qui approcha le plus l’Américain de la gloire fut sans doute son rôle de bassiste de Stillwater (aussi silencieux fut-il) dans l’impeccable Almost Famous de Cameron Crowe, Kozelek a présidé pendant une bonne dizaine d’années la destinée des Red House Painters. Esquissant une discographie introspective et intimiste parfois glaçante de franchise.

Etrange personnage né et élevé dans l’Ohio, Kozelek a plongé dans l’alcool et la drogue à l’âge de dix ans. Eté placé à quatorze ans dans un centre de désintoxication. Et inscrit l’année suivante aux alcooliques anonymes. Assez pour expliquer ce chant exceptionnel et personnel, désolé et dépressif, qui habite les disques du bonhomme. Qu’ils aient été enregistrés en solo, avec les Red House Painters ou sous le sobriquet Sun Kil Moon.

Obsédé par la boxe et apparemment la mort, Kozelek a choisi ce nom de scène en hommage à un poids coq coréen. Son premier album, Ghosts of the Great Highway, enregistré à la mort des RHP, après la sortie plutôt tumultueuse de leur dernier disque, il l’avait d’ailleurs truffé de plusieurs histoires vraies liées à des boxeurs décédés. Le Mexicain Salvador Sanchez, le Philippin Pancho Villa et le Coréen Duk Koo Kim ayant pour particularité d’être tous partis à l’âge de 23 ans.

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Sixième Sun Kil Moon du nom, Benji (un clin d’oeil au film de Joe Camp contant les aventures d’un berger des Pyrénées à poil long) est une nouvelle fois placé sous le signe de la disparition. En 2013, Kozelek a sorti un album de reprises, Like Rats. Un disque, Perils from the Sea, enregistré avec Jimmy LaValle de The Album Leaf. Et une troisième plaque avec les mecs de Desertshore. Benji repose essentiellement sur sa voix, celle d’un ami qui vous veut du bien, et le son délicat d’une guitare acoustique caressée avec bienveillance.

Carissa raconte le décès de l’une de ses cousines, infirmière de 35 ans emmenée par un terrible accident. Truck Driver évoque celle de son oncle redneck, le grand-père de Carissa, mort brûlé le jour même de son anniversaire après avoir lancé une bombe aérosol sur un feu d’ordures dans son jardin. Jim Wise dépeint l’histoire terrible d’un ami de son père qui rata son suicide après avoir euthanasié son épouse et se retrouve en attente de jugement. Là où le bouleversant I Can’t Live Without My Mother’s Love imagine ce qui manquera le plus à Kozelek lors du décès de sa maman.

Désespéré et serein, le troubadour dépressif chante aussi la mort naturelle d’un serial killer (Richard Ramirez Died Today of Natural Causes) et le souvenir coupable d’avoir latté un gamin plus faible que lui à l’école primaire (I Watched The Film The Song Remains The Same)… Tandis que Ben’s My Friend raconte son amitié avec le chanteur et guitariste de Death Cab For Cutie et The Postal Service: Benjamin Gibbard. Comme Will Oldham, Steve Shelley de Sonic Youth et Owen Ashworth (Casiotone for the Painfully Alone), Gibbard participe à ce disque déchirant d’un vrai singer songwriter.

  • DISTRIBUÉ PAR V2.
  • LE 24/03 AU HANDELSBEURS (GAND).

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