Critique | Musique

[l’album de la semaine] Paul Weller – Fat Pop (volume 1): Wellerissime

© SANDRA VIJANDI
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Moins d’un an après un album épatant, le modfather revient avec un disque audacieux où les couches multiples changent l’addition du rock ordinaire.

Paul Weller? Inscrit depuis l’outre-Manche au plus fort cosmos des célébrités british, partant de Jam en seconde moitié punkoïde des années 70. Cinq décennies de labeur à double sens -Paul est socialiste- et un album numéro 1, au moins, par décade dans les charts anglais. Comme tant d’autres, le chanteur-compositeur-guitariste s’est trouvé calé, cette dernière année, par la pandémie. Il en a conçu une série de chansons, épatantes. Toujours dans l’option évitant la répétition musicale: Weller ne recycle pas son passé, il l’explore, le malaxe et file bizuter les sons du présent-futur. Donc, sur son seizième album solo, il persiste et signe, via douze nouveaux titres. En fait, cela commence un rien moyennement avec Cosmic Fringes, True et la plage titulaire. Beaucoup d’intentions, d’idées, d’énergie, mais peut-être un certain déficit émotionnel. Cela passe mieux à la seconde écoute, surtout les guitares névrosées de True, broutées par les cuivres Duracell. Mais on attend mieux, tout en notant que les chansons floutent d’emblée les genres entre pop, rock, soul, électro, synth-wave et même une pincée de bowisme dans le funky Fat Pop. Les deux premiers morceaux, à peine au-delà des deux minutes, annoncent le format court de l’album: rapide, pressé, gourmand. Wellerien mais sans rage ouverte, épanoui.

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Puis, à partir du quatrième titre et premier single de l’album, Shades Oo Blue –co-écrit et chanté avec sa fille Leah-, Weller trouve le rare état de grâce. Vers une direction plus ouvertement sentimentale, confirmée par le morceau suivant, Glad Times: des vapeurs et des cordes qui renvoient au yesterday soul, peut-être le seul moment ouvertement nostalgique du disque. Et qui fait du bien, alors que l’inspiration persiste sur l’accrocheur Cobweb et Testify, ce dernier introduit par une flûte triomphante. À ce stade-ci, on ressent pleinement le plaisir que le sexagénaire a eu de bourlinguer d’abord en solitaire, avant de rejoindre ses musiciens en présentiel à l’été 2020. Reste la sacrée dernière ligne droite composée par That Pleasure –Burt Bacharach adorera-, l’entraînant tempo de Failed, l’impeccable rhythm’n’blues Moving Canvas, la ballade tactile In Better Time, solo de sax compris, et puis la finale. Still Glides the Stream, tout en lenteur shootée aux cordes, qui lorgne une fois de plus vers le patrimoine du rock et de la soul éternels confondus. Peut-être une façon de dire que Paul -63 piges ce 25 mai- est autant le neveu frondeur de Pete Townshend que l’héritier blanc de Marvin Gaye. Avec cette volonté, particulièrement patente ici, de vouloir continuer à surprendre. Y compris en refusant toute linéarité musicale dans un même morceau. Il y arrive. De brillante façon.

Paul Weller, « Fat Pop (Volume 1) », distribué par Universal. ****(*)

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