Critique | Musique

L’album de la semaine : Dans REALITY, Bill Callahan veut réveiller les gens

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Album - REALITY

Artiste - Bill Callahan

Genre - Folk

Label - Drag City/V2

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec son nouvel album REALITY (en écriture miroir), Bill Callahan entend créer du lien, purifier l’air, éveiller les sens et les consciences.

Il y a des mecs comme lui dont on ne perce jamais tous les mystères. Parce qu’ils sont discrets. Mais aussi parce que leur œuvre est aussi profonde que fourmillante. Né en 1966 à Silver Spring, dans le Maryland, Bill Callahan a sorti une quinzaine d’albums sous le nom de Smog (jusqu’à se glisser sur la bande originale de High Fidelity avec Cold Blooded Old Times) avant d’amorcer sa carrière solo. On lui doit aussi Letters to Emma Bowlcut, roman épistolaire, fiction littéraire parue en 2010 sur le label Drag City. Ou encore, en 2014, I Drive a Valence, une collection de dessins à l’encre accompagnés par les paroles de 70 de ses chansons. Bill est un brillant touche-à-tout. Pas de ceux qui bricolent en dilettante, plutôt du genre orfèvre, à tout transformer en or. C’est cependant un autre bouquin, The Life and Times of William Callahan (2013), un livre de photographies prises chez lui, à Austin, qu’il n’a pas signé mais dont il est le sujet, qui l’a rendu un peu moins secret.

Pendant quatre ou cinq ans, entre Have Fun with God (2014), qu’il a aussitôt revisité dans une version dub, et Shepherd in a Sheepskin Vest (2019), le singer-songwriter s’est fait discret et est resté à l’écart des studios. Profitant des joies de la paternité, il a même envisagé l’idée de raccrocher. Depuis, c’est reparti comme à ses plus belles heures. Il a sorti Gold Record en 2020 et un disque de reprises, Blind Date Party, avec Bonnie Prince Billy et quelques amis… Revisitant notamment le Wish You Were Gay de Billie Eilish en compagnie du High Llamas Sean O’Hagan.

© National

Avec REALITY pour ceux qui ont du mal à lire à l’envers, Bill voulait proposer un disque qui aborde et reflète le climat actuel. Il avait l’impression (nous ne lui donnerons pas tort) qu’il était nécessaire de réveiller les gens. Réveiller leur amour, leur gentillesse, leur colère. Rendre celle-ci plus positive. Réveiller tout ce qu’il y avait en eux. Remettre leurs sens en éveil. Callahan voulait des sons et des mots qui nous remonteraient le moral. Et il voulait des voix. Plein de voix. Ils sont donc six ou sept ici à pousser la vibrante chansonnette. L’Américain a mis tout le monde à contribution: son guitariste Matt Kinsey, sa pianiste Sarah Ann Phillips, son bassiste Emmett Kelly ou encore le batteur Jim White… Mais ce qui ressort, captive, ensorcèle, c’est bien évidemment la sienne. Ce timbre à la fois distingué et familier, habité et réconfortant.

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We are coming out of dreams as we are coming back to dreams…” De First Bird à Last One at the Party, Callahan sort le grand jeu. Des claviers, une clarinette, des cuivres… Le possédé Bowevil renvoie aux ambiances d’un Nick Cave. Drainface étourdit. Un disque, comme il dit, pour nourrir les autres tel qu’on est né pour le faire. Créer des liens et purifier l’air.

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