La Revue du stagiaire: Changes – Black Sabbath

Geezer Butler, Tony Iommi, Bill Ward et Ozzy Osbourne dans les 70's © Warner Bros. Records, Public domain

Chaque semaine, notre stagiaire se penche sur une chanson qui a marqué l’histoire de la musique. Cette semaine: Changes, quand les papas du heavy metal se mettent aux ballades.

Cette semaine a débuté sous le signe de l’amour avec la Saint-Valentin. Pourquoi ne pas la finir sur une touche de désamour avec une rupture et un coeur brisé? C’est ce que je vous propose avec le titre Changes de Black Sabbath.

En 1972, sur l’album sobrement intitulé Vol. 4, Black Sabbath sort la chanson Changes. Ce titre ne ressemble en rien à ce que le groupe a l’habitude de jouer. Pour ce morceau, ils laissent les guitares saturées, la batterie tonitruante et le heavy metal de côté pour laisser place uniquement au piano, au Mellotron (ancêtre du synthétiseur), à la basse et à la voix plaintive d’Ozzy Osbourne. Cette ballade est une de ses chansons préférées de tous les temps. « J’ai pensé que cette chanson était géniale dès le moment où nous l’avons enregistrée pour la première fois, explique-t-il dans son autobiographie I Am Ozzy. Je devais continuer à l’écouter, encore et encore« .

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La genèse de la chanson

La chanson n’aurait jamais vu le jour sans le piano qui trônait dans la salle de bal du manoir que le groupe louait lors de l’enregistrement de son quatrième album, à Los Angeles. Et probablement pas non plus sans tous les rails de cocaïne que Tony Iommi, Ozzy et compagnie s’enfilaient à l’époque… Dans son autobiographie Iron Man: My Journey through Heaven and Hell with Black Sabbath sortie en 2011, Iommi raconte qu’il a découvert ce piano et qu’il en jouait « après avoir pris des lignes de coke par million« . En seulement deux semaines, le guitar hero a appris à en jouer. À cause de sa consommation de substances illicites, il restait debout toute la nuit et c’est ainsi qu’il a composé la mélodie de Changes.

La suite, c’est le chanteur du groupe qui nous la raconte dans I Am Ozzy: « Tony s’est assis derrière le piano, et a joué ce joli riff, j’ai fredonné une mélodie par-dessus, et Geezer [le bassiste] a écrit ces paroles déchirantes sur la rupture que Bill [le batteur] traversait avec sa femme à l’époque », comme quoi même les plus grandes stars du métal peuvent avoir des peines de coeur. Geezer Butler accompagna le tout en rajoutant du Mellotron en plus de la basse.

Les membres du groupe avaient du mal à croire que tout cela venait d’eux. Ils n’ont fait appel à aucun claviériste professionnel pour l’enregistrement. Geezer et Tony se sont mis le défi de jouer eux-mêmes les pistes alors qu’ils n’étaient que débutants. Défi relevé haut la main! Selon Iommi, le claviériste de Yes, Rick Wakeman, était même présent lors de l’enregistrement. Il serait rentré en demandant « Qui est-ce qui est au piano? » avant de les voir à l’oeuvre et d’approuver leur travail.

Geezer Butler, Tony Iommi, Bill Ward et Ozzy Osbourne dans les 70's.
Geezer Butler, Tony Iommi, Bill Ward et Ozzy Osbourne dans les 70’s.© Chris Walker/WireImage – GettyImages

L’héritage de la chanson

En 1993, Ozzy Osbourne a repris la chanson sur son album solo Live & Loud et la chante régulièrement en concert. Avec sa fille Kelly, en décembre 2003, il enregistre une version avec des paroles légèrement modifiées pour coller à une relation père/fille. Le morceau s’est classé numéro un des charts au Royaume-Uni, une première en 33 ans de carrière pour le prince des ténèbres.

Le rappeur américain Eminem réutilise plusieurs éléments de la chanson dans son titre Going Trough Changes et The Cardigans ont souvent repris la chanson sur scène. Le groupe Overkill présente aussi une version de la ballade sur un de ses albums. La reprise la plus marquante reste sans conteste celle de Charles Bradley. Cette version soul bouleversante est utilisée pour le générique de la série animée pour adultes Big Mouth, sur Netflix et apparait aussi dans un épisode de Big Little Lies sur HBO. En écoutant sa version, il est difficile de croire que c’est une reprise de Black Sabbath.

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Dès Master of Reality, sorti un an avant Vol. 4, le groupe commençait déjà à intégrer des instruments acoustiques sur ses chansons. Mention spéciale au solo de flûte traversière de Iommi sur Solitude. Avec le temps, Black Sabbath essaye de s’éloigner de cette image trop occulte qui leur colle à la peau et avec laquelle ils aiment tant jouer. Mais c’est avec Vol. 4 et plus particulièrement Changes que les inventeurs du heavy metal prouvèrent à tous qu’ils étaient aussi capables de douceur et de fragilité.

Changes est une chanson qui met tout le monde d’accord. La voix d’Ozzy Osbourne colle parfaitement à l’ambiance de la ballade et apporte beaucoup de mélancolie. Mais le succès de Changes s’explique sans doute par une simple et bonne raison: l’universalité des chagrins d’amour. Qui, de la rock star au plus simple adolescent, n’a jamais eu le coeur brisé?

Guillaume Picalausa

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