Jane Birkin, à jamais l’Anglaise préférée des Français

Jane Birkin au 74ème festival de Cannes en 2021. REUTERS

Candeur, audace, taille de brindille, délicieuses fautes d’accent: Jane Birkin, décédée à 76 ans, restera l’Anglaise préférée des Français, indissociable de Serge Gainsbourg dont elle fut la muse et l’ambassadrice.

« Quand je vois les Français écouter des chansons vieilles de quarante ans, je sais qu’elles font partie de leur histoire. Mais eux aussi font partie de la mienne », avait résumé l’artiste à la parution en 2018 de son journal intime « Munkey diaries ».

Jane Birkin a été retrouvée sans vie dimanche à son domicile à Paris. Les circonstances de sa mort n’ont pas été précisées.

Silhouette androgyne et moue de femme-enfant, incarnation du bohème-chic, cette icône a mené une belle carrière d’actrice et de chanteuse, inspirant également les créateurs de mode.

Longtemps après le décès de Serge Gainsbourg en 1991, et en dépit d’épreuves comme la disparition de sa fille Kate, en 2013, puis une leucémie longue à guérir, elle a toujours chanté l’oeuvre de celui avec lequel elle forma un couple mythique dans les années 70.

« Je t’aime, moi non plus »

Fille d’un grand résistant, David Birkin, décédé le jour des obsèques de Serge, et d’une actrice réputée, Judy Campbell, elle naît le 14 décembre 1946 à Londres. Elle est remarquée au cinéma dans « Blow up » de Michelangelo Antonioni (Palme d’or 67 à Cannes), où sa nudité fait scandale.

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Elle a moins de 20 ans quand elle épouse le compositeur anglais John Barry, de 13 ans son aîné. Le couple a une fille, Kate. Il la quitte et elle décide de tenter sa chance à Paris. En 1968, sur le tournage du film « Slogan » de Pierre Grimblat, elle rencontre Gainsbourg.

A jamais unis dans l’imaginaire collectif, ils incarnent la créativité débridée d’une époque. Ils ont une fille, Charlotte.

Avec Serge Gainsbourg. Photo by Jerome Prebois/Kipa/Sygma via Getty Images

Jane pose sa voix en 1969 – « année érotique » – sur le sulfureux « Je t’aime, moi non plus ». Brigitte Bardot avait interdit la sortie de la version initiale dont elle était l’interprète, au moment de sa liaison avec « L’homme à la tête de chou ». C’est un succès.

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En 1971, sort « Histoire de Melody Nelson », album-concept dessiné par Gainsbourg autour de Jane, échec commercial à sa sortie, devenu ensuite un classique.

En 1980, elle quitte « Gainsbarre », noyé dans l’alcool, parfois violent. « Elle m’a jeté et c’était bien fait pour ma gueule, moi qui lui cassais la sienne » a-t-il lâché dans les Inrocks en 1987.

Elle devient la compagne du cinéaste Jacques Doillon, pendant 13 ans, et a une fille avec lui, Lou.
Souvent cantonnée dans des rôles de nunuches, elle entame sa reconversion dans le cinéma d’auteur. « Malgré les apparences, j’ai quelque chose d’infiniment triste en moi, un terrible sens de la culpabilité qui ne me quitte pas depuis l’enfance. Jacques a deviné ça en moi », expliquait-elle.

Le sac Birkin

Au générique de quelque 70 films, elle a été choisie par des signatures comme Jacques Rivette, Bertrand Tavernier, Jean-Luc Godard, Alain Resnais, James Ivory ou Agnès Varda. Sans jamais se départir de son humilité: elle assure avoir un « instinct » d’actrice mais pas de « talent ».

Avec sa fille Charlotte.

Sa relation avec Doillon ne l’empêche pas de continuer à chanter Gainsbourg. Et lui de continuer à écrire pour elle. Elle enregistre notamment « Baby Alone in Babylone » (1983), qui sera disque d’or.
Mais ce n’est qu’à 40 ans passés, en 1987, qu’elle fait enfin ses débuts sur scène au Bataclan à Paris, enchaînant au Casino de Paris et à l’Olympia.

Artiste interprète féminine de l’année aux Victoires de la musique 92 en France, (puis récompensée d’une Victoire d’honneur pour sa carrière en 2021), elle est sur tous les fronts: elle joue au théâtre, donne des concerts en France et ailleurs, réalise un premier film « Oh! Pardon tu dormais » (sur un couple qui se déchire, inspiré par sa relation avec Barry).

Jane Birkin en concert en juin 2022 à Paris. (Photo by David Wolff-Patrick/Redferns)

En 1999, sort son premier disque sans Gainsbourg, avec des chansons écrites pour elle par des chanteurs-compositeurs français comme Françoise Hardy ou Alain Souchon. En 2008, paraît le premier album dont elle a écrit tous les textes, « Enfants d’hiver ». Elle récidivera en 2020 avec le superbe « Oh! Pardon tu dormais », un disque conçu avec le compositeur et interprète français Etienne Daho.

Draguée par les marques (il y a même un sac Birkin chez Hermès), l’artiste s’est aussi engagée dans l’humanitaire et l’écologie. Mais elle revenait toujours à Gainsbourg, jouant ses morceaux en 2018 avec un orchestre classique: « Birkin Gainsbourg le symphonique ». « Revenir une fois de plus à Serge: je n’ai pas trouvé mieux », confiait la « petite Baby Doll » qui savait si bien sublimer ses textes.

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Jane Birkin en mars 2023.
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