En images: sur la piste des maisons de stars à Londres
Pour comprendre les rêves de grandeur de la pop star britannique – de Bowie à Adele – il faut peut-être retourner sur les lieux souvent modestes de l’enfance ou de l’adolescence. Dans la vastitude d’un Londres ouvrier ou de la classe moyenne.
A l’été 2016, de passage à Liverpool, l’envie d’aller voir la maison où John Lennon a grandi se transforme en photo souvenir. 251 Menlove Avenue (photo ci-dessus) est donc l’adresse où le génial (futur) Beatles vit de juillet 1946 à la mi-1963. De ses 5 ans aux débuts impétueux de la pleine Beatlemania, chez tante Mimi, soeur d’une mère qui a d’autres objectifs que d’élever le gamin turbulent. En soi, cette résidence accueillant Lennon durant dix-sept essentielles années résume, à elle seule, l’esprit de notre exploration. D’abord par la forme du bâtiment: une semi-detached house. Une trois-façades familiale collée à sa voisine de manière typiquement britannique, comme un édifice siamois épousant les statistiques d’après-guerre: entre 1945 et 1964, 41% des nouvelles constructions anglaises appartiennent à ce type d’habitat. Et puis, la propriété qui a hébergé Lennon est taguée d’une heritage blue plaque, applique ronde de couleur bleue, signifiant que le lieu a été habité par une célébrité.
Si les pages qui suivent se focalisent sur le grand Londres, c’est parce que la gigantesque capitale britannique – près de dix fois Bruxelles – constitue le foyer majeur de naissance, d’enfance et d’adolescence des étoiles pop-rock du dernier demi-siècle. D’Elton John à Adele. L’autre constat? A l’une ou l’autre rare exception près (Cat Stevens), tous grandissent hors du centre londonien, dans un habitat socialement compris entre le type classe ouvrière (John Lydon) et celui de classe moyenne supérieure (Pete Townshend). Finalement? Une certaine uniformité qui donnera aux ancien(ne)s gamin(e)s anglaises des rêves et des maisons de grandeur, bien loin des racines premières.
Ray & Dave Davies (1946 et 1947)
Les frères terribles (à g.), fondateurs des Kinks, chanteront notamment le quartier voisin de leur enfance, Muswell Hill, au nord de Londres. Ils habiteront toute leur jeunesse dans une maison étroite au 6 Denmark Terrace, avec leurs parents d’origines galloise et irlandaise, et leurs six soeurs aînées.
Adele (1988)
Après différents déménagements, la chanteuse, qui vit avec sa mère, s’installe à 11 ans dans un flat modeste au-dessus d’un magasin de discount aujourd’hui reconverti en pub. A côté d’une pompe à essence, le nez sur une artère bruyante et pas spécialement glamour de West Norwood, au sud de Brixton. Elle en tirera la chanson Hometown Glory, son premier single, paru fin 2007.
Mick Jones (1955)
Guitariste et coauteur du répertoire de Clash, il vit dès l’âge de 8 ans avec sa grand-mère maternelle, Stella, dans différents endroits du centre de Londres. Il en a 18 lorsque les deux emménagent au 18e étage de Wilmcote House, une tour au nord d’Hyde Park qui surplombe l’autoroute urbaine, The Westway, citée dans London’s Burning… Mick y vivra jusqu’en 1980 et l’album London Calling.
Elton John (1947)
Il faut sans doute aller à la maison des quinze premières années d’Elton – un quart d’heure à pied du métro de Northwood Hills – pour comprendre ses ultérieurs rêves de grandeur. La semi-detached house – revendue en 2015 pour 600.000 euros – dans une artère peu riante, un rien fanée, donnerait presque envie de filer, comme Elton, à Monaco. Presque.
Marc Bolan (1947 – 1977)
Avant de quitter ses parents à l’âge de 15 ans, Marc Bolan (né Feld) a habité cette maison de Stoke Newington Common, ornée d’une plaque apposée par le Borough de Hackney. Quartier de résidence d’une population juive à laquelle Marc est relié par son père, ashkenaze aux origines russe et polonaise.
Cat Stevens (1948)
Rare pop star devenue célèbre dans les sixties à avoir grandi au coeur de Londres, le futur Yusuf réside à Shaftesbury Avenue, à proximité de Piccadilly Circus et de la vie nocturne de Soho. Il vit au-dessus du Moulin Rouge, restaurant que tiennent ses parents qui divorcent alors qu’il n’a que 8 ans. Aujourd’hui, une galerie d’art.
Pete Townshend (1945)
A l’ouest, pas très loin de la Tamise et de la station de métro de Chiswick Park, la deux-façades du leader des Who – où il grandit au rez-de-chaussée – marque précisément la différence sociale entre la classe ouvrière des années 1940-1950 et la classe moyenne à laquelle il appartient, ses deux parents étant dans le business alors ascendant de la musique.
Keith Moon (1946 – 1978)
A une quinzaine de kilomètres au nord-ouest du centre-ville, le batteur kamikaze des Who a vécu dans l’une de ces innombrables semi-detached houses qui définissent le Grand Londres. Celle de droite sur la photo. Le métro est loin, pas de trace de commerce, et des habitations qui apparaissent aujourd’hui un peu molles du genou au niveau finition.
John Lydon (1956)
Initialement reconnu par son pseudo Johnny Rotten (Johnny le pourri) au sein des Sex Pistols, il passe neuf années – de 11 à 20 ans – dans un appartement sur deux niveaux aux 6 Acres Estate d’Islington, logements sociaux un rien lugubres. En famille avec ses trois plus jeunes frères, à cinq minutes à pied du légendaire Rainbow Theatre.
Damon Albarn (1968)
Le frontman de Blur et de Gorillaz grandit au sein d’une maison avec des « parents hippies » dans une rue étroite du nord-est de Londres, Leytonstone. Sa présence y est marquée en façade non pas par la fameuse plaque bleue, emblème national, mais par la version locale du Waltham Forest Heritage. Quartier aujourd’hui un rien défraîchi.
Mick Jagger et Keith Richards (1943)
Nés la même année, les deux Stones majeurs ont passé leur jeunesse à quelques minutes à pied l’un de l’autre, à Dartford, 30 kilomètres au sud-est du centre de Londres. Les Richards habitent un appartement sans gloire au-dessus de ce qui est aujourd’hui un fleuriste alors que la famille Jagger, dans la rue voisine, vit dans une maison plutôt middle class.
David Bowie (1947 – 2016)
Le chanteur emblématique passe ses six premières années dans une maison de Lambeth, proche de Brixton, zone du sud-Londres qui, dès 1948, accueille la première vague d’immigration jamaïcaine au Royaume-Uni. Bowie n’oubliera jamais les couleurs de son enfance, gardant toute sa vie un grand amour pour les musiques – et les femmes – noires.
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