Dour J5: Soundway of life

Batida © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dimanche, de Lisbonne à Bogota, des Meridian Brothers à Batida, le label Soundway a fait danser le Labo aux rythmes fous et métissés du monde. Carnaval, cul dur et farandoles…

Fondé en 2002 à Londres par Miles Cleret, alors de retour d’un voyage au Ghana avec un tas de 45 tours et d’albums poussiéreux obscurs, Soundway Records célèbre depuis 13 ans sa passion pour la musique africaine, caribéenne et latine perdue. Soundway fut l’un des premiers à rééditer, en 2004, à travers sa compilation Kings of Benin, l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. Et c’est un peu grâce à Soundway aussi que monsieur Ebo Taylor (déjà de ses premières compiles ghanéennes) a pu accéder ces dernières années à la reconnaissance internationale. Depuis 2012, ce label chaudement recommandable ne se limite plus à la résurrection et s’est mis à sortir des disques du temps présent. Des artistes d’aujourd’hui comme les Meridian Brothers et Batida. Tous deux programmés dimanche au Labo dourois.

Sa première signature, Batida, c’est le projet de Pedro Coquenao, un producteur né à Huambo, en Angola, et élevé dans la banlieue de Lisbonne. Son émission de radio conçue pour promouvoir les nouvelles musiques africaines est devenu un projet international, transcontinental et disciplinaire (danse, poésie, photo, vidéo).

Parce que Coquenao ne fait pas que de la musique. Il réalise aussi ses vidéos et documentaires. Crée ses propres masques. Son nom, Batida, est inspiré par les compilations pirates qu’on peut trouver dans les rues de Luanda où il n’est retourné qu’à la fin de la guerre. Entouré par MC/chanteur, danseur, batteur, Coqueano mêle des samples de morceaux angolais des années 70 avec de la musique électronique moderne. Un commentaire social et politique et des ambiances bariolées et débridées. Malgré quelques petits problèmes de son, c’est la fête du Kuduro. Le cul dur en portugais. Genre de musique angolaise dont la danse a été inspirée par Jean-Claude Van Damme et une scène de Kickboxer dans laquelle il se trémoussait totalement raide (dans tous les sens du terme). Distribution de sifflets dans le public pour le final. C’est la fiesta (commencez par leur tube Alegria).

Les formidables Meridian Brothers avaient fait encore plus fort un peu plus tôt dans la soirée. Sur disque, Eblis Alvarez fait tout tout seul, comme un grand. Mais sur scène, ils sont six à brasser ces divers genres colombiens et sud-américains (cumbia, vallenato, salsa, chicha…) qui donnent à ses concerts des allures de grand carnaval. Et pas vraiment ceux où on balance des oranges ou des harengs… Guitare, basse, clavier. Clarinette, saxophone, percussions et bidouillages électroniques. Les Meridian Brothers foutent le souk avec leurs sonorités exotiques et psychédéliques. Sur leur dernier album, le titre Bail Ultimo est une attaque en règle de la police culturelle. L’histoire d’un mec condamné à la chaise électrique pour avoir trop dansé sur du reggaeton, style relativement mal accepté en Colombie. Les festivaliers font des farandoles. La reprise complètement dingo du Purple Haze d’Hendrix sonne presque comme une ode à Dour. Soundway of life.

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