Décès de Tina Turner: retour sur une carrière légendaire de la musique noire américaine

Tina Turner est décédée à l'âge de 83 ans, des suites d'une longue maladie © belga
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Décédée à l’âge de 83 ans, la chanteuse a écrit une des plus belles pages de la black music américaine.

La légende du rock Tina Turner est décédée à 83 ans, des suites d’une longue maladie. De la chanteuse d’origine américaine on retiendra toute la période des hits des années 1980/1990, lorsque elle devient une énorme vedette solo. Tina Turner commence sa carrière dans son registre naturel funky soul sexué, des chansons pop à stades, notamment via l’album multi-platiné Private Dancer, sorti en 1984. Célébrant une forme totalement assouvie de chanson FM chocolatée grand public, exagérément produite avec tout le dégoulinement synthé de la période concernée.

Reste que, malgré un son parfois way too much, et avec une silhouette à la hauteur d’une impressionnante crinière lionnesque, Tina Turner place l’un ou l’autre titre/tube inoubliable. Au fronton desquels, trône le totalement irrésistible The Best, reprise génialement groovy datée de 1989, initialement interprétée l’année précédente par la blanche Bonnie Tyler.

On en (re)vient donc aux couleurs changeantes, à cette frontière des musiques noires et blanches, styles qui partent de la pure musique black à destination d’un public plus pâle. Mariée à Ike Turner (1931-2007), guitariste charismatique, acariâtre, macho et violent, Tina va d’abord connaître, dès 1960 une revue menée avec son époux, un solide band et les Ikettes. Aux mini-jupes affolantes comme la patronne comprise.

Les hits internationaux qui ont marqué la carrière de Tina Turner

Leur infusion thermodynamique va donner, notamment, l’énorme hit River Deep – Mountain High, en 1966. Coproduit par Phil Spector, cette chanson apte à démonter les rotules, va aussi intéresser une audience européenne, jeuniste, qui découvre le meilleur du R&B américain, comme Otis Redding ou Sam & Dave. D’autres hits suivront : la reprise du Proud Mary de Creedence en 1971 et l’année suivante, l’immanquable Nutbush City Limits, de la plume de Tina.

Rareté d’époque qu’une femme noire écrive un tube tout public. Avec une lisibilité internationale : adoubés par les Stones, qui les prennent plus d’une fois en support act, Ike & Tina passent de prestations dans le Las Vegas seventies à des célébrations hautement symboliques, comme celle du 14e anniversaire de l’indépendance du Ghana en 1971. Si monsieur et madame Turner se séparent, dans l’acrimonie et la bagarre en 1976, dans la quinzaine d’années précédant la rupture, c’est l’une des plus grandes pages de la black music américaine qui s’inscrit. Flamboyante.

Dans les nombreuses images visibles sur le net, on avale une carrière transpirant près d’un demi-siècle : Tina Turner a été l’incarnation d’une femme noire, talentueuse, fière et libre. Avant que cela ne soit forcément à la mode.

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