Couleur Café J2: Mackelmore & Ryan Lewis, Birdy Nam Nam, Joeystarr et Matisyahu

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Samedi bis. L’une des toutes grosses affluences du weekend est drainée par Macklemore & Ryan Lewis. Si vous avez entre 8 et 15 ans, on ne vous les présente plus. Pour les vieux, il s’agit d’une version 2.0 de New Kids On The Block, ou si vous voulez, Take That version youtubo-hip hopisée.

C’est peu dire qu’avant leur arrivée en scène, la grosse audience bouillonne devant le Titan comme si la réincarnation du Mahatma Gandhi annonçait son retour dans la peau d’un Tupac Shakur pour mineurs. Je m’embrouille alors que je ne fais même pas partie des 350 millions de spectateurs de leur über-tube, Thrift Shop. Assez vite, on pige que tout cela évoque les tics du vieil entertainment avec le chanteur/rapper Ben Haggerty (Macklemore) meublant exagérément entre les morceaux, les interludes parlés devenant à leur tour des sortes de, euh, morceaux. Son compère Ryan Lewis, a d’ailleurs du mal à rester derrière ses platines vu que lui aussi, veut dire plein de choses importantes à la foufoule en extase. Evanouissements et filles lessivées, compris. Et comme si tout cela n’était qu’un recyclage générationnel -sympathique certes-,le groupe présente un trompettiste afro-américain imitant gravement le look blasé de Miles Davis, sans que la musique sortie de l’embouchure précitée, n’ait le dixième de la puissance davisienne. On part alors que Macklemore, empruntant un manteau de fourrure à un spectateur, dit que la veste en bébête, ben elle pue. On rate malheureusement Birdy Nam Nam, pourtant champions du monde des disc-jockeys de la France, pour aller voir un autre Soundsystem frenchaoui, celui de Joeystarr version B.O.S.S. La fameuse vedette des faits-divers, profite d’une pose NTM avec trois comparses eux aussi planqués derrière une table et des computers. Faut voir la pile électrique sous lunettes teintées: alors que le traditionnel feu d’artifice Couleur Café, met son public en attente, le b.o.s.s. se dérouille la nuque, rectifie sa dorsale, déglutit les mandibules, bref, chauffe son impressionnant pédigrée d’endomorphines bientôt lâché d’une grosse voix, mâle et tropicale. A coups de  » Coulllllllleur Cafffffffé  » qui ne le rendent même pas ridicule : boss indeed. On n’approfondit guère vu qu’on veut voir le début de Matisyahu sur la principale Titan, les photographes -dont je suis- n’ayant droit qu’aux trois premiers titres, comme aux autres concerts d’ailleurs. Cet américain qui aura 34 ans ce dimanche, a fait une première partie de carrière (2004-2012) extrêmement remarquée par la vitalité de son reggae blanc et un look comme des convictions juif hassidique tranchant dans le milieu pop des années 2000. Il y a un an, Matthew Paul Miller -au civil- s’est rasé la barbe, teint les cheveux en blond et viré la redingote noire comme la kippa identitaires. Là, il débarque à CC avec le genre de sourire qu’ont les gens ayant vu des films sur les cigarettes qui font rire (…). Zen, cosmique, beau gosse, et un peu bizarre quand même avec cette voix qui donne l’impression de ne pas tout à fait être à la bonne vitesse, alors que le bassiste se prend pour Flea. La musique navigue d’ailleurs entre funk et bonne parole, bidouillage talk-over et rythmes Jah. Matisyahu sourit, béat, il plane. Les filles, jeunes, du public aussi. Il est temps de rentrer.

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