Critique | Musique

Boygenius: un premier album bien parti pour marquer les esprits

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© National
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Album - The Record

Artiste - Boygenius

Genre - Rock

Label - Universal

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Cinq ans après leur ballon d’essai, Julien Baker, Phoebe Bridgers et Lucy Dacus célèbrent leur amitié sur le premier album de Boygenius.

C’est le paradoxe: les supergroupes ont rarement livré de la super musique. Peut-être parce qu’ils tiennent la plupart du temps davantage du coup marketing que de la réelle pulsion artistique? Les choses sont toutefois en train de changer. Après tout, The Smile -Thom Yorke (Radiohead), Jonny Greenwood (Radiohead) et Tom Skinner (Sons of Kemet)- a bien publié l’un des meilleurs albums de 2022. Et, sorti au début du mois, The Record est bien parti pour marquer les esprits en 2023. Sans doute parce que Boygenius n’est pas tout à fait un supergroupe comme les autres…

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Quand il s’est formé, en 2018, il n’en était d’ailleurs pas vraiment un. À l’époque, Julien Baker, Phoebe Bridgers et Lucy Dacus ne sont encore que des jeunes “espoirs” de la scène alternative. À force de se croiser sur le circuit des concerts indie rock, et de partager les mêmes frustrations, en tant que femmes dans un milieu toujours calé sur certains clichés, elles décideront de monter une tournée commune. Et d’enregistrer un morceau pour la promouvoir. Finalement, le single se transformera en EP: Boygenius est né.

Mauvais embranchement

Cinq ans plus tard, les trois Américaines se retrouvent. Entre-temps, la carrière de chacune a pris une nouvelle ampleur -en particulier celle de Phoebe Bridgers, avec la sortie de Punisher en 2020. Pas de quoi créer pour autant un déséquilibre. Ce qui frappe en effet chez Boygenius, c’est l’osmose entre les trois musiciennes. Elle est le sujet principal du disque: la célébration d’une alchimie, de liens assez serrés que pour confier aux autres ses principales forces comme ses plus douloureuses vulnérabilités.

Entre guitares nineties (Anti-Curse) et harmonies folk (Without You Without Them), refrains new wave et accroches pop, Boygenius part au front. Sans emphase, ni geste artistique pompeux. Mais avec la sincérité en bandoulière, et un humour tongue-in-cheek décapant gentiment les stéréotypes masculins-féminins du rock. Pour rappel, le nom même du groupe est une pichenette contre les mâles alpha dont les moindres saillies tiendraient forcément du génie. Hymne calibré pour accompagner la scène finale de votre prochaine série teenage préférée, un titre comme Not Strong Enough l’aborde à nouveau. Notamment via le mantra, “Always an angel/Never a God”, répété en chœur par le trio: comme si le rôle de Dieu n’était toujours réservé qu’aux hommes…

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Sur Leonard Cohen, Lucy Dacus se rappelle. Un jour, embarquées pour un trip en Californie du Nord, Bridgers est au volant et veut absolument faire écouter l’un de ses morceaux préférés. Quand la conductrice loupe la sortie, ses deux camarades ne disent rien, de peur de briser le moment. Dacus raconte alors: “Tu t’es sentie comme une idiote d’avoir rallongé d’une heure le trajet/Mais ça nous a donné plus de temps pour nous mettre mal à l’aise/à raconter les histoires qu’on ne raconterait à personne d’autre.” La sororité n’a pas de prix.

En concert, le 18/08, au Pukkelpop.

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