Balthazar: « nous sommes une sorte de puzzle »

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avec son 2e album, Rats, le groupe flamand a pondu un petit bijou de pop sombre et charnue. En concert ce 14 décembre, aux PIAS Nites, à Liège.

PIAS NITES, LE 14/12, À LA CASERNE FONCK, LIÈGE. AVEC ÉGALEMENT THE JIM JONES REVUE ET ROSCOE.
LE 16/02, À TOUR & TAXIS, BRUXELLES. AVEC ÉGALEMENT ALT-J, JASON LYTLE ET ANDY BURROWS.
WWW.PIASNITES.COM

Fin d’année. On ramasse les copies. Et dans la promo 2012, au top des productions maison, une évidence: Rats, le 2e album de Balthazar. Déjà en 2010, le quintet originaire de Courtrai avait intrigué: souvenir très précis d’une soirée bruxelloise taguée Focus Club au cours de laquelle le groupe avait présenté Applause, plaque inaugurale qui revendiquait une certaine singularité. Deux ans plus tard, Balthazar est toujours cette drôle d’embarcation rock. Le cap a juste légèrement évolué: le tempo s’est ralenti, les voix se sont faites plus traînantes, un joli spleen automnal servant de fil rouge aux mélodies languides. Aux commandes, le même duo de songwriters éclairés: Jinte Deprez (le brun faussement ténébreux) et Maarten Devoldere (le grand blond détaché), rejoints en studio et sur scène par Patricia Vanneste (violon), Simon Casier (basse) et Christophe Claeys (batterie).

Difficile de cerner les intéressés, leur manière de travailler. Pour la 2e fois, on les rencontre pour discuter de Rats, quelques minutes avant leur concert au Trix, à Anvers, et le duo livre toujours aussi peu de clés. Deux jours avant, ils étaient à la Cigale, où le public parisien a accueilli le groupe flamand avec les honneurs. La presse hexagonale a d’ailleurs embrayé. Papiers dans Libération et dans L’Express, où Maarten raconte avoir rencontré Jinte alors qu’il jouait comme lui dans les rues de Courtrai, exécutant notamment « des reprises du groupe Roxette ». Roxette, The Look, Joyride, vraiment? « J’ai dit ça?, s’étonne-t-il quand on lui soumet la citation. Non, il ne faut pas toujours croire ce qu’on lit. » Il est quand même acquis que l’histoire Balthazar a bien démarré sur le pavé, « mais on ne jouait que nos propres compos, chacun de son côté. Finalement, on s’est dit que ce serait mieux de les mettre ensemble. Cela nous permettait de jouer plus longtemps, de se faire plus d’argent. »

Balthazar prend ainsi forme. Lentement. Il passe l’étape des premiers concours. Balthazar est flamand. Donc le Humo rock Rally, forcément, dont il remporte le prix du public en 2006. Un premier single dance-rock, This is a Flirt, fait aujourd’hui un peu de mal à entendre. Jinte: « On savait qu’il fallait encore chercher, qu’on n’était pas encore prêts. En attendant, le titre a eu son petit succès et nous a aidés à engranger des dates de concert. Ce qui nous a permis d’évoluer. C’est normal. On avait 17 ans à l’époque, on en a 25 aujourd’hui. On a forcément changé. Je n’ai plus la même coupe de cheveux non plus (rires). »

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Deprez et Devoldere passent aussi par le conservatoire de Gand. Pas tant pour perfectionner leurs instruments. Ce qui les intéresse, c’est la production. Le binôme veut pouvoir manipuler les outils qui rendront le mieux service aux chansons. Maarten: « La mélodie reste toujours l’élément de base, ce derrière quoi on court. Avant même de savoir jouer de la musique, on avait nos premières chansons. Un accord, un morceau. Au début, vous ne vous rendez pas compte que c’est mauvais. Alors vous continuez. Et vous finissez par vous améliorer… »

Poésie underground

Fast forward. Des débuts frustres, Balthazar n’a pas gardé grand-chose. Sinon cet amour de la mélodie admirablement fagotée justement, présent sur Applause, consacré sur Rats. En 2012, le groupe est ainsi devenu ce combo élégant, aux ambiances nocturnes vénéneuses. Les voix traînantes évoquent, en version pop, la morgue d’un Velvet Underground sur Lys. Jinte: « Cette lenteur, cela doit correspondre à nos caractères, j’imagine. Si l’on était plus énervés, on ferait probablement du heavy metal. » Maarten: « Au niveau du texte, la pop est un format très contraignant. Heureusement, des gens comme Leonard Cohen ou Gainsbourg ont montré qu’il y avait moyen d’un peu bouger les lignes pour faire rentrer les mots. » Quitte à les allonger, les étirer. La référence Gainsbourg est également à dénicher dans le son de la basse veloutée, à la Melody Nelson. Voici pour les quelques influences éventuellement repérables chez un groupe qui reste atypique. Belge tout de même? « Si nous le sommes, c’est par le collage de différents éléments, une sorte de puzzle. »

Le silence est également l’un des ingrédients essentiels de Rats. Une question de caractère. Jinte: « C’est vrai qu’on aime ça. De par notre boulot, on est déjà tout le temps dans le bruit… Du coup, on écoute par exemple très peu de musique. Nos potes, qui ne sont pas musiciens, achètent beaucoup plus de disques que nous. Dans le bus, en tournée, on a aussi interdit d’allumer la radio ou de mettre un CD. » Peut-être parce que le silence permet également une plus grande concentration. Et de trouver l’intéressant dans le plus banal. Ou la beauté dans les choses les plus laides, comme le suggère le titre de l’album. Une définition qui pourrait convenir à Bruxelles, capitale si belle, si laide, où vient d’emménager Maarten. Certains sons de Rats ont d’ailleurs été enregistrés dans ses entrailles… « On est descendus dans le métro, porte de Halle, pour jouer, tester des choses et enregistrer, le soir, quand il n’y avait pas trop de monde… » Balthazar, le bon ticket, définitivement…

BALTHAZAR, RATS, DISTRIBUÉ PAR PIAS.

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