Au Paradise City, où l’herbe est verte (et les filles prennent les commandes)

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

A un jet de Bruxelles, le festival Paradise City continue de grandir sans perdre son âme. Et prouve qu’il est possible de combiner musiques électroniques et préoccupations environnementales. Jusque dimanche, au château de Ribaucourt.

Parfois, la ténacité, ça paie. Durant la pandémie, le Paradise City a été l’un des rares festivals à hisser malgré tout son pavillon. Quitte à adapter la formule. En 2020, il avait par exemple organisé une version « sur l’eau ». En format réduit donc, et en « bulle », le public étant réparti sur des barques. L’année suivante, il a décalé ses dates pour profiter de l’éclaircie temporaire du mois d’août. Résultat : il a réussi à maintenir le contact avec un public qui ne l’a pas oublié. L’an dernier, pour son retour à sa formule « classique », le rendez-vous électro City a fait le plein !

C’est bien parti pour être à nouveau le cas ce week-end. Les pass 3 jours sont en effet épuisés, tout comme les billets pour ce samedi. Vendredi, lors de sa première journée, le Paradise n’était pas loin non plus d’afficher complet. Et ce, dans un terrain de festival agrandi. Le festival est toujours situé dans le domaine du château de Ribaucourt, du côté de Perk, à 15 minutes à peine de Bruxelles. Mais il a réussi à encore grignoter un peu d’espace (vert). Plus 20 pc quand même. De quoi installer un sixième podium et repenser un peu le « rythme » des scènes. En disséminant les stands de nourriture, le Paradise a fait par exemple de la place pour la scène Contrast, tout en échafaudages, installée sur « l’île » située au milieu du parc.

Plus d’espace, pour attirer plus de monde. Mais avec toujours l’ambition de diminuer au maximum son empreinte écologique. La quadrature du cercle ? Depuis le début, le Paradise travaille en tout cas à devenir « durable ». Sur l’île, derrière une grande terrasse construite avec des palettes de bois, ont été installés des panneaux solaires. Les objectifs sont clairement affichés : 50 pc de l’énergie consommée par le festival viendra cette année du solaire. Mais l’idée est d’atteindre les 100 pc d’ici 2025…

Le public en est-il forcément conscient ? On a en tout cas rarement vu un festival autant communiquer sur sa volonté d’apporter sa pierre à la lutte contre le changement climatique. Les points sensibles ne manquent évidemment pas. Comme le transport (on avoue être venu en voiture). Mais en se baladant par exemple entre les food trucks, force est de constater que le Paradise a réussi de nouveau à bannir partout la viande du menu : Burgers de champignons, hot dog concoctés une célèbre marque de « bouchers végétariens », pizza peperonni veggie, etc. Et ce, sans exploser les tarifs. Du moins pour la nourriture. C’est moins vrai côté boissons : 7 euros la demi-pinte quand même, ou 3,70 le soft. Même si visiblement, cela n’empêche pas grand-monde de boire…  

Girl power au Paradise City

Et la musique là-dedans ? Oui, pardon, on y  vient. Elle reste fidèle à la ligne qualitative du festival. Au Paradise City, le clubbing est à la fois élégant et aventureux, et chaque podium « parrainé » par un collectif/club/soirée. Avec essentiellement des DJ sets, mais aussi, ici et là, des live. Quitte même à déborder un peu des musiques électroniques – la French pop de Flavien Berger par exemple, ce vendredi.

Du côté de la Castle, en milieu de soirée, Mano Le Tough gère son dancefloor en bon père de famille, flirtant entre house et techno mélodique. Invité par les soirées Hangar, il n’a aucun mal à attirer la grande foule sur ce qui doit être la scène la plus importante des six que compte le Paradise City. Malgré cela, on est encore loin du gigantisme à la Tomorrowland. Le clubbing reste ici à taille humaine. Un peu plus loin, par exemple, le label/club Giegling s’est planqué dans la « hidden stage ». Dans ce coin reculé du festival, il a programmé Maayan Nidam pour un live électro-house décalé et rêveur.

Au fil de la soirée, le groove va toutefois se corser. Et ce sont les filles qui prennent la main. Dans un sous-bois, la Forest Stage accueille par exemple Helena Hauff. Malgré des problèmes de son, l’Allemande file une techno sombre et venimeuse, glissant même ici et là une phase plus acid. Juste à côté, la DJ ukrainienne, basée à Anvers, Dana Montana, tire plutôt sur les fils d’une dance tongue-in-cheek ultra-colorée. Avec les références house nineties de rigueur. Et un enthousiasme assez contagieux. Mais c’est encore sur la scène Contrast que cela « tape » le plus dur. Etonnant de voir comment, ces dernières années, les sonorités trance/hardstyle/gabber sont non seulement revenues sur le devant de la scène. Mais collent aussi parfaitement bien à l’époque, s’adossant même à un clubbing très queer. Au milieu des échafaudages, la Polonaise VTSS et la Turque Nene H s’en donnent à cœur joie, entre montées hystérique et beats qui tachent. Girls, they just want to have fun

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