Arno, septuagénaire toujours vert

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mardi soir, le « plus beau » a fêté ses 70 ans dans sa ville natale d’Ostende, avec un concert au casino. Toujours à l’os, toujours tendu. Quel bazar…

La plage qui s’assoupit, le soleil qui donne, et la mer pour faire miroiter les états d’âme : ce mardi soir, malgré un printemps jusqu’ici fort chichiteux, la digue d’Ostende a presque des airs de Croisette… Arno, lui, s’en fout. Il est à peine passé 20h qu’il est déjà sur scène. Comme il le répète souvent, c’est là qu’il est le plus à l’aise. C’est aussi là qu’il a décidé de fêter son anniversaire.

Mais attention : sans chichis, ni tralala. Par pudeur ou par déni de fêter un cap « délicat » pour celui qui chante Je ne veux pas être grand ? Sans doute un peu des deux. Arno a 70 ans, mais assure être « toujours vierge ! »… Il a donc décidé de faire simple. On comprend donc vite qu’il ne faudra attendre ni invité, ni surprise particulière : ce soir, ce sera juste Arno, fidèle à lui-même, en mode guitare-basse-synthé-batterie. On le connaît par coeur, sa gouaille, ses grimaces, sa philosophie de comptoir, ses traits d’esprit lunaires. Ce personnage, Arno l’a soigneusement construit, nourri. Quitte à donner parfois l’impression de rabâcher, et de surjouer. Sur scène, cependant, c’est autre chose.

Bien sûr, Arno fait le show, ponctue la soirée de commentaires drolatiques – et comme il est à la maison, il ne se prive pas d’appuyer l’accent côtier, rendant son flamand souvent cryptique. Mais plus encore, il soigne la musique. Avec dès le départ, les deux frondes bruitistes de Que Pasa et de Middle Class & Blue Eyes, signées TC Matic. Il enchaîne avec le tango louche de Elle adore le noir, ultraclassieux. C’est une brève accalmie. Car, pour son anniversaire, Arno a décidé d’envoyer du bois. Il a beau fêter ses 70 ans, il ne faudrait pas croire que l’animal va se calmer. Comme une manière de défier le temps qui passe, il hurle, éructe et fait gicler l’électricité. No Job No Rock prend ainsi des allures quasi hendrixiennes, là où la guitare slide de Meet The Freaks bave comme jamais. Et puis il y a aussi cette Parrot Brigade, accouché au début des années 80, mais dont l’éclat métallique tronçonne la noirceur de l’époque. Arno dose évidemment son effort, s’asseyant pour hululer Lola, etc. ou présenter son nouveau Oostende bonsoir. Mais pour l’essentiel, il charge, grogne, s’amuse (la version reggae accéléré de Vive ma liberté).

Le final est cousu de fil blanc, mais une fois encore inattaquable : Les yeux de ma mère, Putain Putain, et les Filles du bord de mer, d’une traite, prolongé par Bathroom Singer en rappel. C’est ce qu’on appelle un strike.

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