Armand m’a moulER – Interactive Nino

Comme chaque lundi, notre chroniqueur nocturne repasse les plats du week-end, d’Armand Van Helden aux soirées loupées par manque de fluide vital. Night in, Night out, épisode 22.

Ça commence par une image Mickey. Le soleil vient de se lever, on est heureux de retrouver, l’ami du petit déjeuner, l’ami Ricoré. Il vient toujours au bon moment, avec des tartines et des croissants, l’ami du petit déjeuner, l’ami Ricoré. Enfin!!! En ce dimanche matin, j’ai enfin pu vivre ce fantasme de pub en préparant, dans une véranda gorgée d’un soleil prolixe, le petit-déjeuner pour ma progéniture. « Papa, on est trop content que tu aies moulé hier, que dis-je!, moulissimé (mon fils aîné a sept ans, il est quadrilingue, français, russe, lingala et grec ancien), tu devrais sortir moins souvent, ainsi, papa, papa, tu pourrais nous offrir une gourmandise, steuplé », s’emporta Jean-Sébastien. « Tenez les enfants, achetez ce que vous voulez », concédai-je, un sourire blanc entre la bouche, la main au tire-sous. « Mais voyons Michel, j’ai toujours Kinder Chocolat à la maison, le chocolat qui a plus de lait », intervint alors mon épouse, Marie-Dominique. « Ahh, j’ai l’impression que ça va mieux… », lançai-je, enthousiaste. « Oh oui, merci papa, bravo papa. » Les enfants sont formidables…


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Mais que vois-je, il est 8h38 du matin, un dimanche! La dernière fois que la lumière dominicale m’a fouetté de si prompte manière, j’étais encore jeune et frais comme un lait de brebis. Je noie le poisson, tu le sens. 8h38. Un dimanche matin… En vérité, l’ami(e), les seules personnes avec qui je partage mon bol de Ricorée, ce matin, c’est le singe de mes Coco Pops et Jean-Denis Sentiment de Culpabilité (un noble). Parce que je me sens tout nul, tout fripé de l’intérêt, tout charlatan. Les soirées testées ce week-end pour toi, ô ami(e) trahi(e), se chevauchent et se ressemblent, et ressemblent furieusement à l’excellente série Generation Kill, allongé sur un sofa, a casa. La machine à glande s’est mise en branle, a tout phagocyté sur son énergique passage: il est des soirs où le sortant a la misère collée au courage, ô toi l’ami(e) abusé(e) (tiens, mettre un « e » entre parenthèses, sur Word, ça donne prioritairement le signe €, info service). Mais je noie le crustacé, tu l’induis.

Bon, clairement, tu peux cliquer sur la croix du haut et vaquer là, maintenant, à de plus constructives occupations. Ou alors, tu peux me suivre et comprendre pourquoi, après Armand Van Helden jeudi, j’ai (generation) killé toute possibilité d’investir les prometteuses soirées qui s’amoncelaient sur le chemin du week-end. Parce qu’en plus, ce week-end, Bruxelles avait sorti l’artillerie lourde.

DJ Kwak, vendredi soir, sur le chat Facebook: « Vas à la Stainage Night à Recyclart. Vas-y, vas-y, vas-y… Vas-y, vas-y, vas-y! » Devant une telle fièvre, un tel embrasement, je réponds, un peu au bout du rolito: « Chui pas bien en vérité, j’arrête la picole et j’arrête de sortir en fait, c’est pas bon pour ma vie. Mais si tu veux, je te laisse une tribune pour que tu expliques pourquoi j’aurais pas dû faire ma pute et y aller. Je publie tel quel. » DJ Kwak, le retour: « Mollasson! Pfffff! Tu devrais y aller parce que c’est du dubstep et qu’on ne parle pas assez de Recyclart et de ces gars qui font un gros boulot… Tu devrais y aller parce que tu vas entendre les plus grosses basses de ta vie… Enfin tu devrais y aller parce que tu me fais confiance et que ça va être très bien. » Devant une telle passion, un tel feu, je réponds, un peu dans le fond du panier: « J’ai pas de permis. Pas de caisse. Pas d’ami pour aller. Chui en gueule de bois prolongée et en dépression, c’est assez pour que tu me pardonnes? » DJ Kwak, le retour de la vengeance: « Oué… Mais non! Ceci dit, j’y vais pas non plus. » Funny, nan? Mais je noie le mollusque, tu le devines.

Clairement, la conjugaison des faits éthyliquement peu joyeux et de l’absence temporaire de permis de conduire (des suites, forcément, de faits éthyliquement peu joyeux) m’a fait loupé un tas de soirées a priori bien puissantes, ce week-end. Et là, l’ami(e), ma culpabilité toute judéo-punko-chrétienne me pousse à te solliciter sévère: pourrais-tu, par charité, faire jouer le supplément d’âme interactif qu’offre Internet pour commenter, dans les cases prévues à cet effet, les soirées dans lesquelles je n’ai pas voulu montrer mon slip? Pliiiiizeeee. Totale complicité. Si tu y étais, j’aimerais savoir ce que tu as pensé: 1) de l’Antitapas, de l’Essentia au K-Nal, de la Stainage à Recyclart, pour le vendredi. 2) de la soirée Média à Midi Station, de Los Ninos (avec Alexis Taylor d’Hot Chip) à la Gare du Congrès, de Leftorium (de l’excellent Geoffroy Mugwump avec Tobias Thomas) au Vismarkt, de la Strictly Niceness à la Bodega (avec Nia Saw), de la Libertine (avec Round Table Knights et Goose), du Fuse (Cadenza), du Wood (Clara Moto), de la French Cancan au Louise et de toutes les autres sauteries plus underground, plus rn’b, plus péteuses ou que sais-je du samedi. Sans te mentir, quand la force vitale du sortant est au tiers remplie, l’équation « trop de plans tue le plan » prend toute sa signification. Sincèrement, je compte sur toi. Tu peux même me destiner deux insultes dans les commentaires.

Cela dit, cette moulisterie géante, cette absence honteuse de courage s’explique aussi, et fortement, par les excès consommés jeudi soir à la soirée « Valentine’s Secret », devant un Armand Van Helden en grande forme bourino-efficaço-explosive. Au prix où on l’avait engagé (on parlait de très très grosses sommes sur la piste du Mir), l’Américano-Indo-Hollando-Franco-Libanais, roi de la house à ses heures, avait plutôt intérêt à l’être, en forme. 23h. Petite crainte: bien que pesé, soupesé et mesuré, le Night in, Night out spécial réouverture du Mirano avait, selon certaines sources bien informées, percuté frontal la sensibilité des nouveaux tauliers miraniens. Et même l’organisation était signée Valentine’s, et pas Mirano, je craignais d’être blacklisté pour l’ami Armand, ce qui m’aurait bien cafardé la tête. Malentendu réglé: « J’ai relu ton papier et j’ai capté que ce n’était pas négatif », m’a confié, en gros, le patron, à deux mètres d’un Van Helden tout en sourire et en punch.

Bon, après, sa casquette (la même que celle de mon singe Coco Pops), faut aimer le coup de la visière remontée: ça fait un peu cycliste aux entournures, voire un peu présence surnuméraire d’un chromosome à la paire n°21. Mais Armand, c’est Armand, titulaire d’un nombre effrayant de tubes dancefloors, très souvent issus de samples finement ou scandaleusement pompés d’ailleurs (un peu à la manière de Daft Punk), dont le dernier en date, Barbra Streisand, (sous le nom de Duck Sauce, en duo avec le Canadien A-Trak) commence à en fatiguer plus d’un. Pas moi, je n’écoute quasi jamais la radio. Un peu à la peine depuis sa réouverture de décembre dernier, le Mirano a rapidement rempli la salle du bas, et une partie de l’étage, avec un peu de tout d’ailleurs, des biches et des bichons, des petits gars fans de Duck Sauce, des play-boys, des DJ’s, des curieux issus du milieu de la nuit branchée, des Junior Jack et même des Jean-Claude Van Damme! Eh ouais, JCVD à casquette, lui aussi. Willii, j’ai appris des trucs de dingue sur lui, mais j’ai juré de ne rien lâcher… Arfff.

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Van Helden est venu, il a vu, il a fait le taf, oscillant entre tracks house accessibles, voire commerciaux, voire rentre-dedans, voire flagrants et ses hits persos (les brillants ou implacables The Funk Phenomena, My My My et You Don’t Know Me), tout en saupoudrant l’histoire de grosses montées en puissance façon Ibiza, de celles qui t’emmènent sur les cimes du roller-coaster, avant d’attendre un peu, de te masser les omoplates, puis le cou, le haut du crâne avec des doigts de shampouineuse, et de te fracasser les tripes avec un beat meurtrier. Le garçon sait faire danser son monde, pas de doute. Pas de révolution non plus. Efficace. Explosivement efficace. Mais sa casquette, quand même… c’est compliqué, nan?

Vers 4h, d’autres Dj’s prirent le relais. Et le temps s’est dilaté, again. « Tiens, au fond, tant qu’à faire, on ne prendrait pas une bouteille (de gin)? » Aujourd’hui, je sais que j’utiliserai encore ces mots. Individuellement. Plus dans le même ordre. Passées un genou à terre, en scandaleux, ces dernières heures voracement alcoolisées m’ont décidé à passer le cap de bonne espérance: j’arrête la picole. « 37. Ca fait 37 fois que tu me le dis », ironisera mon ami Daniel C., samedi après-midi, à une table de Justine Henin en papote avec Lara Fabian (true story). Il voulait m’emmener à Clubb, la grosse sauterie mensuelle anversoise. Et moi je voulais juste un Kinder Chocolat, sous un plaid. Alors, ce coup-ci, à toi de jouer, à toi de commenter. Regarde, c’est juste en-dessous du texte. Merci d’avance, l’ami(e). Rideau.

Guillermo Guiz

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