Zurich, le cinéma au bord du lac

Le cinéma évolue, et avec lui le paysage festivalier. À l’ombre des trois grands -Cannes, Venise et Berlin-, et aux côtés de manifestations historiques comme Locarno ou San Sebastian, les rendez-vous cinéphiles se sont multipliés ces dernières années sur la scène européenne. Ainsi du Festival Lumière, à Lyon, inauguré en 2009 et dévolu au patrimoine, ou, pour le cinéma contemporain, de Rome ou de Zurich, qui célébrait, début octobre, son 13e anniversaire. Une édition dont le succès s’est vu certifier par les 98 300 spectateurs recensés sur les bords du lac (une fréquentation en hausse de 8,5 % par rapport à l’année précédente, et sans commune mesure avec les 8 000 visiteurs accueillis en 2005 pour le lancement du Zurich Film Festival).

Coloration féminine

S’appuyant sur une articulation somme toute classique, la programmation zurichoise combine best of de la production des derniers mois (The Square, Three Billboards…), focus géographique (la Hongrie), hommages et découverte de nouveaux talents, cette dernière faisant notamment l’objet de trois compétitions (feature film, documentaire et Focus Suisse-Allemagne-Autriche) accueillant des cinéastes n’ayant pas plus de trois films à leur actif. L’occasion, par exemple, d’apprécier devant des assemblées fournies un échantillon de la production locale -l’anecdotique home movie Fell in Love with a Girl, de Kaleo La Belle, ou le sensible road movie Avant la fin de l’été, de la réalisatrice belgo-franco-suisse d’origine iranienne Maryam Goormaghtigh, ce dernier traduisant par ailleurs la coloration féminine de la sélection. Un postulat décliné en de multiples variations, de Euphoria, de la réalisatrice suédoise Lisa Langseth, première production de l’actrice Alicia Vikander, à Grace Jones: Bloodlight and Bami, intéressant documentaire couplant la dernière tournée de la chanteuse à son retour en Jamaïque, en passant par Pop Aye, de la Singapourienne Kirsten Tan, futur OEil d’or du festival, Un beau soleil intérieur de Claire Denis, Numéro Une de Tonie Marshall, et jusqu’à Glenn Close se voyant décerner un Golden Icon Award à la faveur de la présentation du bien nommé The Wife de Björn Runge. L’actrice américaine n’aura pas été la seule star à fouler le Green Carpet zurichois, et si le festival peut se targuer de jouer dans la cour des grands, c’est aussi en raison de son plateau, à même de faire pâlir la concurrence. Et qui aura vu la manifestation accueillir cette année les Jake Gyllenhaal, Alicia Vikander, Aaron Sorkin, Andrew Garfield ou autre Rob Reiner, ce dernier avec son meilleur film depuis des lustres, Shock and Awe, mais aussi pour une rencontre mémorable sous le label ZFF Masters. On laissera la conclusion à un Roman Polanski pas rancunier, lui qui avait contribué à la notoriété naissante du festival en s’y faisant arrêter en 2009, et qui, de retour avec D’après une histoire vraie, devait résumer le sentiment général en ces termes: « J’apprécie ce festival parce qu’il n’y est pas question de glamour, de mode, de chaussures ou de cosmétiques, mais vraiment de films, ce qui devient rare… »

J.F. PL.

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