SERIAL KILLERS – Avec Zodiac, David Fincher, le réalisateur de Seven, signait une saissante chronique sur une affaire criminelle qui secoua les USA pendant dix ans.

De David Fincher. Avec Jake Gyllenhall, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr. 2 h 36.

Auteur, en 1996, de Seven, le film de référence en matière de serial killers, David Fincher récidivait il y a quelques mois avec l’impeccable Zodiac, chronique d’une affaire criminelle fameuse, qui secoua les Etats-Unis pendant une dizaine d’années au tournant des années 70.

Tout commença dans la nuit du 4 juillet 1969, lorsqu’un tueur s’attaqua, à Blue Rock Springs, Californie, à un jeune couple flirtant dans sa voiture. Se faisant appeler le Zodiaque, le criminel multipliera à compter de ce moment les provocations à l’endroit de la police et de la presse, qu’il inondera de messages codés relatant ou annonçant ses exploits. Flics – les inspecteurs David Toschi et Bill Armstrong -, journaliste – Paul Avery, investigateur vedette au San Francisco Chronicle – et même illustrateur – Robert Graysmith, cartoonist pour le même quotidien et auteur de deux ouvrages relatifs à l’affaire, Zodiac et Zodiac Unmasked -, tous seront bientôt totalement absorbés par le cas Zodiac, insaisissable tueur en série doublé d’une ultra-médiatique personnalité, qui ajoutera plusieurs meurtres à son passif.

JUSQU’à L’OBSESSION

On connaît l’art consommé de Fincher pour entretenir tension et suspense, à l’oeuvre aussi bien dans Seven que dans Panic Room. Une scène suffit ici au réalisateur à installer, en toute sobriété, un climat opaque saisissant, dont le film ne se départira plus par la suite. Plus qu’au sordide des meurtres – et différant en cela sensiblement de Seven -, le film s’attache, entre espoirs déçus, progrès et impasses diverses, aux méandres d’une enquête virant à l’obsession et à son impact sur ses protagonistes. Outre la densité du propos et le réalisme de la reconstitution – on nage en pleines années 70, jusque dans le style du film -, on saluera encore l’excellence de l’interprétation, comme l’élégance de la mise en scène d’un Fincher que l’on a rarement connu aussi inspiré.

Ce director’s cut est, ultime gâterie, accompagné d’un maximum de compléments. Parmi ceux-là, un documentaire sur Arthur Leigh Allen, principal suspect dans l’affaire, et un autre, fascinant, sur la réalisation même du film. On y apprend notamment que la maniaquerie de David Fincher peut aller jusqu’à l’épaisseur d’un fil de cagoule, parmi d’autres considérations plus fondamentales témoignant à la fois d’une extrême rigueur mais aussi d’un talent que l’on serait enclin à qualifier de visionnaire. Un must.

u www.zodiacmovie.com

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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