COMICs explosif – Un comics crée la polémique aux Etats-Unis. Féministes comme machos, sionistes comme antisémites, tous le dénoncent… La marque des chefs-d’ouvre?

De Brian K. Vaughan et Pia Guerra, en cours de publication chez Panini Comics.Pia Guerra (« guerre pieuse ») porte bien son nom. La dessinatrice d’ Y, le dernier homme assure la partie visuelle d’un comics qui fait couler beaucoup d’encre aux Etats-Unis. Et la polémique ne retombe guère, bien que son éditeur américain, Vertigo, eût publié le dernier numéro en début d’année. Chez nous, Panini Comics en est au 6e recueil (sur 10).

Le premier script pondu par Brian K. Vaughan est certes arrivé à un moment un peu… spécial de l’histoire américaine: le 10 septembre 2001. Du coup, le scénariste a dû le réécrire car une des scènes se déroulait en Afghanistan et impliquait un groupe alors peu médiatisé, les talibans. La polémique, cependant, vient d’ailleurs.

Le héros est Yorick, le seul être mâle (avec son petit singe) épargné par une étrange épidémie qui tue en quelques secondes tous les êtres porteurs du chromosome Y. Loin de l’orgie qu’on pourrait escompter, Yorick devient un enjeu. Un homme à abattre pour les Amazones, un groupe extrémiste qui ne désire qu’une chose: éliminer toute trace des mâles. Un homme à sauver pour les autres, qui voient en lui l’avenir de l’humanité… ou de leur pays, telle cette militaire israélienne plutôt décidée.

Le problème, avec ce Dernier homme, c’est qu’on peut tout y lire.  » Toutes les réactions m’ont amusé, bonnes comme mauvaises, indique l’auteur dans les pages du magazine Comic Box. C’était cool de lire un type expliquant pourquoi le bouquin était misogyne au moment même oùMs. Magazine proclamait que nous incarnions le triomphe du féminisme. Ou ce type qui a déchiré son premier numéro, considérant que nous y faisions de la propagande sioniste, alors que d’autres dénonçaient notre incitation à la haine antisémite. »

BROUILLER LES PISTES

L’art de cette BD est précisément de brouiller certaines pistes pour avancer bille en tête vers son dénouement. Un vrai road movie, mâtiné de cette construction en flash-back propre aux séries américaines comme Lost et Heroes. Hollywood ne s’y est pas trompé: Vaughan a été appelé pour bosser sur Lost, et un film – ou plutôt une trilogie, vu l’ampleur de la matière – tiré de Y est en pleine préparation.

Quant à savoir s’il a écrit cette série en pensant toucher un public féminin, l’homme tranche la question dans le vif:  » Je l’ai dit un million de fois, mais l’idée qu’il faut certains éléments de scénario pour que des femmes apprécient une BD, c’est de la m… J’ai toujours entendu qu’il fallait 60 % de romance et une femme forte comme héroïne, bla bla bla. Qu’est-ce qu’une femme forte, de toute manière? »

VINCENT DEGREZ

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