Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Wenders à la source – Plusieurs films anciens de Wim Wenders viennent rappeler la sensibilité de ce cinéaste avant et juste après sa grande percée internationale.

Nick’s Movie. Documentaire. Avec Nicholas Ray. 1 h 25. Images & Visions.

La Lettre écarlate. Avec Senta Berger, Hans-Christian Blech, Lou Castel. 1 h 26.

Les Lumières de Berlin / Chambre 666. Documentaires. 1 h 16 et 44′.

Tokyo-Ga / Carnet de notes sur vêtements et ville. Documentaires. 1 h 28 et 1 h 18.

L’Ami américain. Avec Dennis Hopper, Bruno Ganz, Lisa Kreuzer. 2 h.

Faux mouvement. Avec Rüdiger Vogler, Hanna Schygulla, Ivan Desny. 1 h 43.Le merveilleux Alice dans les villes avait révélé Wim Wenders dès 1973, et l’à peine moins marquant Au fil du temps l’avait confirmé deux ans plus tard au rang des meilleurs auteurs d’une génération remarquable où Werner Herzog et Rainer Werner Fassbinder brillaient également, d’un feu plus spectaculaire sans doute. Moins radical que ses collègues nés comme lui dans les années 40, Wenders filmait une Allemagne en plein doute existentiel, sur les pas de personnages attachants autant qu’errants. Marqué par le meilleur cinéma américain de genre, il pratiquait le road-movie, et cherchait des paysages de western dans les plaines européennes. Le triomphe cannois puis mondial de Paris, Texas (Palme d’Or 1984) propulsa le cinéaste vers une gloire dont il eut, ensuite, bien du mal à faire quelque chose de très convaincant. Après Les Ailes du désir, en 1987, ce fut le début d’un lent mais sûr glissement vers le bas, accompagné d’une déprime créative qu’alimentait la conviction wendersienne que le cinéma, le vrai, allait mourir devant les assauts de la vidéo et de la banalisation télévisuelle…

Docus et fictions

La collection de DVD consacrée à Wenders par l’éditeur français BAC s’enrichit aujourd’hui de six nouvelles parutions permettant de redécouvrir quelques films majeurs, et aussi des documentaires où la sensibilité d’un réalisateur lui-même ardent cinéphile s’exprima autant que dans ses fictions. Si La Lettre écarlate, film d’apprentissage adaptant, en 1972, le fameux roman de Hawthorne sur l’adultère et sa répression religieuse au 17e siècle, n’est pas particulièrement mémorable, Faux mouvement (1975) est l’une des £uvres les plus réussies du jeune Wenders. Son acteur fétiche Rüdiger Vogler y incarne un jeune homme aspirant à devenir écrivain, et dont un voyage vers Bonn va le confronter à des rencontres décisives pour son avenir. Une Nastassja Kinski encore adolescente se révèle dans ce road-movie écrit par le poète et romancier Peter Handke, ami et complice de Wenders qui avait déjà adapté son Angoisse du gardien de but au moment du penalty quatre ans plus tôt.

Autre adaptation littéraire remarquable, L’Ami américain transpose l’univers de Patricia Highsmith et de son roman Ripley’s Game en posant la question du Mal, qui allait ensuite très souvent hanter l’£uvre de Wenders. Les réalisateurs Samuel Fuller et Nicholas Ray apparaissent dans le film. Ray, devenu ami avec le cinéaste allemand, sera un peu plus tard le sujet de Nick’s Movie, portrait crépusculaire d’un artiste tentant de tourner pour une dernière fois tandis que la maladie le mine. Une £uvre émouvante, ambiguë aussi. Et le premier d’une série de documentaires que restituent plusieurs DVD. On mettra en exergue Tokyo-Ga, émouvante promenade japonaise sur les traces du grand réalisateur Yasujiro Ozu.

De nombreux et intéressants bonus (dont maintes séquences inédites) accompagnent une édition où l’on relève malheureusement une énorme erreur de couverture: le DVD de Faux mouvement propose le générique en bas de page de… L’Ami américain!

Louis Danvers

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