Wall-E et Eve – Dernière merveille des studios Pixar, Wall-E amène l’animation du côté de la fable écologique, sans oublier l’âme. Un pur enchantement.

Film d’animation d’ Andrew Stanton. 1 h 34. Buena Vista.

J usqu’à l’infini, et au-delà. » Empruntée à Buzz l’Eclair, irrésistible héros de Toy Story, la devise pourrait s’appliquer également à Pixar, studio qui n’en finit plus, depuis, de repousser les frontières de l’animation. Ainsi encore l’été dernier avec ce formidable Wall-E, réalisé par Andrew Stanton – auteur, précédemment, de Finding Nemo. Plus qu’une simple réussite, voilà en effet l’un des tout grands films de l’année écoulée, ajoutant à la puissance formelle l’audace narrative, fable écologique ne négligeant pas pour autant les « fondamentaux » du divertissement familial, et ajoutant aux aventures futuristes une très cinégénique romance entre deux robots.

L’histoire de Wall-E se déroule 700 ans après que la Terre a été désertée par tous ses occupants à l’exception de Wall-E, un petit robot concasseur d’ordures ayant fort à faire – la surface du globe n’est plus que décharge. Un cafard pour seul ami, une vieille cassette de Hello Dolly pour unique distraction, Wall-E assemble inlassablement les détritus en gratte-ciel, jusqu’au jour où débarque de l’espace Eve, un robot de la plus belle essence, envoyé là en mission top secrète…

Le petit broyeur de déchets en a aussitôt les circuits sens dessus dessous; éperdument amoureux, au point de suivre Eve dans un vaisseau spatial peuplé d’humains obèses et avachis, servis par des robots. Et Wall-E de s’apprêter à vivre mille aventures pour tenter de séduire la belle. Et ce faisant, d’infléchir, qui sait, le destin de l’humanité…

Keaton et Ripley

On peut, à propos de Wall-E, parler de véritable tour de force. Celui de rendre intensément attachant un robot au langage rudimentaire. Et d’oser, dans la foulée, une première demi-heure sans le moindre dialogue, ouverture vertigineuse plongeant le spectateur au c£ur d’une vision apocalyptique proprement soufflante.

Nourri de science-fiction classique, citant E.T. comme 2001, le film déploie aussi une inventivité visuelle de chaque instant, multipliant les trouvailles façon autoroutes de robots dans le vaisseau Axiom, et autre rupture d’équilibre quand ce dernier pivote sur son axe. Il s’érige encore en fable engagée, éveillant subtilement les consciences face au désastre écologique menaçant comme aux dangers du consumérisme-roi. Ajoutez à cela une histoire authentiquement émouvante, et l’arc narratif de Wall-E apparaîtra dans sa juste mesure, saisissante.

Les compléments de l’édition exclusive en 2 DVD, sont à hauteur du film, époustouflants. Jeux, courts métrages, spots institutionnels de Buy’n’Large, la multinationale présidant à toute destinée,… la gamme proposée est complète et inépuisable. Elle amène aussi le spectateur au c£ur du processus créatif, en compagnie tantôt du réalisateur Andrew Stanton, tantôt de collaborateurs de choix. Ainsi, par exemple, de Ben Burtt, légendaire architecte du son (on lui doit le design sonore des sagas Star Wars et Indiana Jones) et point avare de ses secrets, ou de Roger Deakins, chef-opérateur des frères Coen, et conseiller sur le film.

Le mot de la fin? « Wall-E et Eve, c’est Buster Keaton faisant un film avec Sigourney Weaver. » Romance improbable, mais plus encore irrésistible…

Jean-François Pluijgers

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