Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vitalic et nunc – 4 ans après le triomphe d’OK Cowboy, le Français revient avec un deuxième album plus rond, mais pas moins vicieux.

« Flashmob »

Distribué par Pias.

En 2005, Vitalic sortait son premier album, OK Cowboy, et mettait tout le monde d’accord. Ce n’était pas une mince affaire. Surtout dans une scène électronique française déjà fort remuante. Le fait est que le Dijonnais a toujours préféré naviguer en solitaire, difficilement rattachable à l’une ou l’autre ramification de la French Touch. D’ailleurs, le bonhomme a pris un pseudo d’espion de l’Est, idéal pour brouiller les cartes. Un pseudo qui rime avec électronique, mais aussi avec métallique: avec OK Cowboy, Vitalic tapait dur, costaud, très rock en fait, inaugurant la scène maximaliste actuelle.

Le bonhomme aurait pu d’ailleurs enfoncer le clou. Il l’a fait sur scène notamment. Sur disque, par contre, à part le live enregistré à l’Ancienne Belgique ( V Live, 2007), c’est seulement aujourd’hui que Vitalic livre la suite de ses aventures musicales. 4 ans entre 2 disques, c’est long, surtout en musique électronique. « C’est vrai que les modes changent beaucoup plus vite, les manières de produire aussi, reconnaît l’intéressé. C’est également un genre où il y a beaucoup plus de follow-up qu’en rock: quand quelqu’un a une idée – et cela n’arrive pas si souvent que ça -, il y en a 250 000 qui suivent derrière et font la même chose. C’est d’autant plus facile que ce n’est pas comme dans un groupe de rock: il s’agit souvent d’un mec tout seul derrière un ordinateur ou deux. En d’autres mots, cela reste léger à produire. Du coup, ça change plus vite en effet, mais il y a aussi davantage de trucs qui se ressemblent. Ils tirent sur la même ficelle pendant un an, et puis au bout d’un moment, cela ennuie tout le monde. Moi, je préfère faire un dis-que quand j’ai trouvé une nouvelle ficelle. »

Disco maladroite

La nouvelle « ficelle » en question, c’est un disque un peu moins cassant et rentre-dedans. Quoique. Cela continue encore de « bastonner » ici (le crescendo de Flashmob) et là ( Your Disco Song, le vicelard Chicken Lady, le très new beat One Above One -« J’aimais beaucoup quand j’étais gamin, j’étais fan de The Sound of C « ). Ailleurs cependant, se glissent volontiers l’une ou l’autre rondeur, lorgnant même carrément du côté d’une certaine musique disco.

« C’est la disco un peu virile, oui. Jusqu’à maintenant, j’avais fait des trucs plutôt rock ou très techno. Il y en a encore, ce sera toujours là. Mais j’avais envie de trucs qui « tournent » plus, comme la disco justement. J’en ai toujours écouté en fait. De la disco plutôt froide hein, ce n’est pas Boney M non plus (rires). Je pense à la disco italienne maladroite, ou la disco allemande plus synthétique. La disco new-yorkaise, plus chaude, plus répétitive, aussi, mais moins. » Cela se marque surtout sur des morceaux comme Poison Lips (le roulis à la Moroder, la voix à la Donna Summer), Still, ou le plus vaporeux Alain Delon.

Vitalic a ainsi le mérite d’avoir bougé les meubles. Pas au point de repeindre les murs dans la foulée. Mais en laissant toujours autant de place pour danser au milieu du salon.

En concert, le 24 octobre, à I Love Techno, Gand.

Laurent Hoebrechts

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