Une vie violente

Ce texte de Pasolini (publié en 1959) survient de façon cohérente après Les Ragazzi, premier roman tapageur. Du côté de Pietralata, quartier périphérique et crasseux d’une Rome d’après-guerre, Tommaso, Lello et leurs amis commencent par frapper le ballon, puis usent de leurs poings pour leurs larcins, afin de se forger une réputation. Vitelloni sans vergogne, voyous encore mal dégrossis (dans cette langue nettement orale qui jure et qui, dans cette nouvelle traduction, s’élide de tout le superflu), ils naviguent à vue, fomentent sans ménagement. Pour Tommaso survient Irene, qui lui fait battre le coeur, mais aussi, en droit fil de sa vie dérangée, deux années de cabanon. Malgré sa volonté de rédemption, pourra-t-il s’amender d’une vie commencée sous de pareils auspices? Nous savons que si l’ultra-réalisme charbonneux d’un Matteo Garrone ( Gomorra, Dogman) nous rend admiratifs mais muets d’effroi, Pasolini fut là avant lui, déposant sa salive acide dans la poussière âpre de l’Italie, façonnant ses adolescents sans-espoirs à même une noirceur à peine réchauffée par le slogan  » Live fast and die young »… Les lucioles sont encore loin, reste le verbe, incandescent.

De Pier Paolo Pasolini, éditions Buchet-Chastel, nouvelle traduction de l’italien de Jean-Paul Manganaro, 416 pages.

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