AVEC THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY, NED BENSON SE LIVRE À UNE EXPÉRIENCE ÉTONNANTE, DÉCLINANT UNE MÊME HISTOIRE EN TROIS VERSIONS COMPLÉMENTAIRES: HIM, HER ET THEM. EXPLICATIONS.

Ned Benson est sur un petit nuage. Et pour cause, puisque après avoir été présenté au festival de Toronto en septembre 2013, The Disappearance of Eleanor Rigby, son premier long métrage, a les honneurs de la sélection officielle cannoise, en section Un Certain Regard. « C’est assez incroyable », soupèse le jeune réalisateur américain. Le cas de figure est exceptionnel, en effet, et s’explique parce que le film a fait l’objet d’une version alternative. Eleanor Rigby se présentait, en effet, à l’origine comme un diptyque -proposition déjà plutôt insolite. Soit Him et Her, ou l’histoire d’amour d’un couple en voie d’implosion envisagée successivement du point de vue masculin puis féminin (et le découpage que pourra découvrir le public belge dès mercredi prochain). Mais si le film est montré sous cette forme à Toronto, l’idée d’une troisième version, un Them fusionnant les deux perspectives, fait bientôt son petit bonhomme de chemin: « Je ne l’avais pas envisagé auparavant, mais les gens ne cessaient de me poser la question. La durée des deux films, supérieure à trois heures, risquait de décourager certains spectateurs. Et d’autres souhaitaient peut-être explorer plus avant la relation du couple en elle-même. » Ned Benson décide donc de s’exécuter, pour accoucher quelques mois plus tard du nouveau montage présenté sur la Croisette.

Long de deux heures, ce dernier ouvre sans doute de nouvelles perspectives commerciales au film, sur le marché américain en tout cas. Ce qu’admet bien volontiers Benson, qui souligne avoir voulu « rester ouvert à ce qui serait le plus bénéfique pour le projet. Il s’agit toujours de mon regard, et l’idée de Them ne vient pas d’Harvey Weinstein (qui distribue le film aux Etats-Unis, ndlr), précise-t-il, comme pour dissiper tout malentendu. Simplement, ce qui fonctionne avec un certain public ne conviendra pas nécessairement à un autre », le choix des versions étant laissé à la discrétion des distributeurs. En tout état de cause, ce remodelage de l’histoire n’entame en rien l’intégrité artistique de The Disappearance of Eleanor Rigby.

Quant à la version en deux films, il s’agit, à l’instar de la trilogie de Lucas Belvaux Un couple épatant/Cavale/Après la vie en son temps, d’un objet original et mouvant, dont les pièces se complètent autant qu’elles ne se réfléchissent. Du reste, le spectateur peut-il voir Him et Her indifféremment l’un après l’autre –« ce sont en quelque sorte des chapitres, dont l’ordre n’importe pas vraiment. Chaque film constitue le sous-texte de l’autre », observe Benson. Soit, en définitive, une expérience stimulante, déclinant une histoire en deux possibilités, pour un plaisir de spectateur multiplié par deux…

J.F. PL.

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