Située à l’exact opposé du roman intimiste, resserré sur une poignée de considérations poétiques à en choper, au choix, le tournis ou la nausée, la littérature de Romain Ternaux est porteuse d’une tout autre promesse: celle d’odyssées carnavalesques, de pérégrinations délirantes, d’une outrance totale. Découlant ici d’un prétexte narratif fin comme une feuille de papier à cigarette -un fan de films d’arts martiaux, logé chez son papy, entre dans une colère vengeresse après avoir reçu du pays du Soleil-Levant un sabre aussi onéreux que factice-, Underdog Samuraï convoque une troupe délirante de « justiciers » comme de « grands méchants », pour un voyage hyper violent, absurde aussi, entre France (le chapitre Darknet Katana), Japon ( Tokyo Trap) et États-Unis ( American Seppuku). Imaginez la ligue de redresseurs de torts la plus improbable, et vous resterez encore largement en-dessous de l’offre pondue par Ternaux: narrateur alcoolo-priapique coincé entre entité protectrice (le Samurai d’or) et démon opiniâtre (prenant toutes les formes envisageables, y compris celle d’un pied gangrené), docteur maboul, sumotori caractériel, espionne instable, maître d’armes clochardisé, préparateur de sushis transi d’amour… Leurs aventures, d’une époustouflante créativité, redonnent tout son sens au concept de fiction.
De Romain Ternaux, éditions Aux Forges de Vulcain, 288 pages.
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