Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.45 ARTE

DE JACQUES MAILLOT. AVEC GILLES LELLOUCHE, CAROLE FRANCK, MARC CHAPITEAU.

Francis a le mal qui étonne. « Pourtant j’ai des amis sans bye-bye, du soleil, un amour, du travail », susurrait Souchon dans son Ultramoderne solitude. Pourtant, Francis a la picole tranchante, si tranchante qu’elle finit par le submerger. Se réveiller en Thaïlande, sans savoir ce qu’on y fait, terroriser sa famille… Bref, faire n’importe quoi.

Gilles Lellouche met les mains dans le cambouis et a tout bon, dans ce téléfilm signé Jacques Maillot – qui n’est pas exactement le dernier venu, puisqu’on lui doit notamment le très intense Les liens du sang, avec François Cluzet et Guillaume Canet. Lellouche, acteur, scénariste et réalisateur devenu incontournable dans le paysage cinématographique hexagonal, se pique en effet dans Un singe sur le dos d’une prestation toute en retenue, mais accentuée par une présence à l’écran aussi massive que charismatique. Aussi convaincant en baratineur automobile et roublard qu’en clochard, l’auteur de Narco (en 2004 avec Guillaume Canet) bluffe son monde avec ce détour magistral par le petit écran: il interprète le rôle de Francis, vendeur de voitures en détresse, alcoolique, à la rue.

JUSTESSE REMARQUABLE

Le film retrace cette descente aux enfers, certes un peu clichée – il perd son job, sa famille et son logement à cause de l’alcool, puis remontera la pente grâce aux alcooliques anonymes – mais rendue avec une justesse épatante. Une justesse que les seconds rôles ne font qu’accentuer: dans ce registre, on ne peut que s’incliner une nouvelle fois devant le talent subjuguant de la comédienne Carole Franck, actrice fétiche d’Abdellatif Kechiche et de ses trois chefs-d’£uvre (elle joue notamment la prof de théâtre dans L’Esquive). Marc Chapiteau, en concierge à la main tendue, a lui aussi le regard qui touche. Un singe sur le dos – le titre découle des hallucinations terrifiantes qui le prennent lors de ses premières heures de manque – s’insinue ainsi au plus près de cette histoire somme toute ordinaire. Avec une humanité qui prend profond aux tripes.

Guy Verstraeten

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