Un justicier dans la ville

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Le onzième film de l’univers cinématographique DC fait mine de proposer quelque chose de différent avant de rentrer gentiment dans le rang.

Certains hommes ne sont pas faits pour être des héros.” Personnage-clé de l’univers DC Comics créé en 1945 par les auteurs américains Otto Binder et C.C. Beck, Black Adam a, à l’origine, été pensé par son duo de géniteurs comme une version maléfique du super-héros Shazam (ou Captain Marvel). Mais sa personnalité a évolué au fil du temps, oscillant sans arrêt entre le Bien et le Mal. Entièrement consacré à son histoire, le onzième long métrage de l’univers cinématographique DC joue aujourd’hui abondamment de cette indécision entre le bon et le mauvais, le héros et le vilain, le super-pouvoir et la malédiction…

Sorte de spin-off du navrant Shazam! (2019) où Black Adam apparaissait brièvement sous la forme d’un hologramme, le film s’ouvre dans l’antique Kahndaq, pays fictif proche de l’Égypte, où l’esclave Teth-Adam (Dwayne “The Rock” Johnson) reçoit des pouvoirs tout-puissants avant d’être emprisonné pour en avoir fait mauvais usage. Une ellipse mastoc plus tard, et une aventurière à la Lara Croft le libère de ses chaînes à l’époque contemporaine. Sorti d’un sommeil de 5 000 ans pour arrêter les balles et intercepter des roquettes à mains nues, ce demi-dieu de l’âge de bronze débarque en ville armé d’une conception assez brutale et expéditive de la justice. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. À commencer par les quatre membres actifs de la Société de Justice, bien décidés à le renvoyer au mitard pour l’éternité afin de protéger la stabilité mondiale…

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Héros malgré lui

Réalisateur ibérique venu de l’horreur (House of Wax, Orphan), Jaume Collet-Serra avait déjà dirigé Dwayne Johnson l’an dernier dans l’inoffensif Jungle Cruise. Il signe aujourd’hui ce divertissement aux accents mythologiques prononcés qui ne vole jamais bien haut. Derrière sa vague amoralité de façade et son refus affiché d’un certain manichéisme, Black Adam n’est au final, en effet, qu’un film de super-héros très standard de plus, qui coche bien sagement toutes les cases requises: action grandiloquente avec force ralentis et explosions numériques, héroïsme finalement très premier degré, clins d’œil appuyés à la culture pop (des références un peu inadaptées au cinéma de Sergio Leone, notamment…), humour méta qui intègre gentiment à l’intrigue les réalités commerciales de l’industrie super-héroïque… Tout ça, bien sûr, pour de toute façon finir sur un gros duel bien bourrin entre le Bien et le Mal. Visuellement très inégal, le film soigne par contre la représentation des pouvoirs aérokinétiques du personnage de Cyclone et propose quelques sympathiques seconds rôles (dont l’un interprété par l’excellent comédien de stand-up américain d’origine palestinienne Mohammed Amer, vu dans les séries Ramy et Mo). C’est mieux que rien, mais c’est à peu près tout.

Black Adam

De Jaume Collet-Serra. Avec Dwayne Johnson, Aldis Hodge, Pierce Brosnan. 2 h 04. Sortie: 19/10.

5

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