Diane Kurys revient sur les circonstances qui l’ont amenée à porter à l’écran la vie d’une Françoise Sagan éprise de liberté.

De passage à Bruxelles il y a quelques semaines, Diane Kurys évoquait les circonstances – peu banales, il est vrai – l’ayant conduite à s’atteler à Sagan.  » Je déjeunais, un jour de septembre 2004, avec Thierry Taittinger dans le cadre de la préparation d’un film sur les années 80. Et à un moment, il me dit: Je reviens de l’enterrement de Françoise Sagan, c’était émouvant, nous étions peu nombreux. Avant d’ajouter:Elle a eu une vie tellement romanesque et incroyable, cette femme, il faudrait faire un film de sa vie. Et il faudrait que Sylvie Testud joue le rôle. » Il aurait pu n’y avoir là que propos sans lendemain; l’idée se met toutefois à travailler la cinéaste.  » Il y avait tous les journaux sortis à sa mort, les couvertures, les photos; en tournant les pages, je voyais sa vie, les amis, les voitures, cela m’a donné envie… » Si bien que « enceinte du projet », Diane Kurys décide bientôt de ne plus se poser de questions.

Entre la réalisatrice et François Sagan, il y avait eu… un rendez-vous manqué.  » J’avais essayé de la contacter à l’époque où je commençais à travailler sur Les Enfants du siècle , parce qu’elle avait écrit une préface magnifique à la correspondance entre Sand et Musset, explique-t-elle. Je lui ai écrit en lui proposant de collaborer au scénario, et elle m’avait donné son accord dans une lettre charmante où elle me demandait de l’appeler à la rentrée. A partir de là, je n’ai plus jamais réussi à la joindre. Elle était déjà malade, je pense. » Leurs routes ne se croiseront dès lors jamais.  » Ce film, c’est ma façon à moi de la rencontrer, de la connaître. Et de la faire redécouvrir ou découvrir à toute une génération qui ne la connaît pas« , complète Diane Kurys.

A l’exception de l’enfance –  » on ne l’a pas traitée parce que je voulais une seule actrice pour jouer tout le personnage » -, le film brasse les caps essentiels d’une vie. Sagan y apparaît dès lors multiple, paradoxale, mais surtout indépendante et libre.  » C’est un bel exemple de quelqu’un refusant de rentrer dans la norme« , approuve Diane Kurys. Au vrai, ce film d’époque(s) pourrait presque avoir été tourné en opposition à la nôtre.  » C’est l’époque de Vadim, Bardot, quand ils ont investi Saint-Tropez, par exemple, et on en rêve parce que tout était à inventer, y compris la liberté à prendre de l’après-guerre. On a l’impression que cela choquait moins, mais les gens ne comprenaient rien aux existentialistes, comme ils ne comprendraient rien aux punks plus tard. C’était un peu pareil, avec moins de violence, mais plus de whisky et de sexe, la sexualité libre tout à coup, et cela choquait. Bonjour tristesse a été un scandale, il a été mis à l’index par le Vatican. J’aurais bien voulu avoir tout le temps ce parallèle au regard d’aujourd’hui. On l’a dans notre vision, dans la façon dont les acteurs jouent et dans celle dont on reçoit le film, mais c’était difficile de s’attacher à cela. Sa liberté nous interpelle, comme si elle nous disait: Arrêtez d’être des veaux, il faut vivre, il faut donner, et il ne faut pas compter . C’est son message essentiel. »

J.F. PL.

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