Un dîner en bateau

S’il fut adapté par Shohei Imamura dans L’Anguille, c’est plutôt le cinéma de Yasujiro Ozu qu’évoquent les titres de quelques-unes des nouvelles composant ce recueil d’Akira Yoshimura (1927-2006). Début de printemps, Bientôt l’automne ou encore Pluie de printemps: le défilé des saisons y suggère le passage du temps, et avec lui les liens qui se distendent, tandis que l’auteur-narrateur de ces dix textes ressortant au registre du shishosetsu, un genre proche de l’autofiction, évolue entre présent et passé, entre observations et méditations, en quelque terrain propice aux souvenirs. Ceux de la guerre, en particulier, lointaine mais prégnante, qui surgit à la vision d’un bocal de Poissons rouges ou au détour d’un canal où s’entassaient les cadavres, le temps d’ Un dîner en bateau, où le flux de la mémoire se superpose au feu d’artifice. La maladie et la mort sont également ses compagnes, qui rythment ces pages de visites à ses proches en cérémonies funéraires, quand il ne fait pas lui-même l’objet d’une thoracoplastie ( L’Échantillon). Pour autant, le sentiment qui s’en dégage est paradoxal: s’imbriquant avec bonheur, ces récits traduisent une vision sensible qui, si elle est hantée par les traumatismes, refuse le pathos, pour laisser une impression douce-amère persistante.

D’Akira Yoshimura, éditions Actes Sud, traduit du japonais par Sophie Refle, 240 pages.

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