Le ket de Bruxelles devenu star du cinéma d’action montre son cour, son âme et son talent dans un JCVD aussi drôle qu’attachant.

I l n’y a qu’un Jean-Claude Van Damme. Mais même si je ne suis pas un diamant, j’ai plusieurs facettes. Ces facettes, JCVD les fait voir… » Derrière les larges lunettes solaires, sous le cheveu court teint en châtain fauve, le visage de Jean-Claude Van Damme expose les marques d’un temps qui l’amène tout doucement vers le demi-siècle. Sur la terrasse surplombant son Bruxelles natal qu’il retrouve à l’écran, l’acteur, la star, est redevenue ce « ket » qui s’est exporté lui-même aux Etats-Unis, à peine sorti de l’adolescence, des rêves de gloire plein la tête. L’as du karaté est devenu la vedette qu’il espérait être un jour, puis le système l’a bouffé, et la vie l’a marqué. Avec JCVD, un film épatant où Mabrouk El Mechri lui fait jouer son propre rôle, celui que la presse américaine surnomma « muscles from Brussels » opère un retour aussi réussi qu’inattendu.

 » Au début, je voulais être sûr qu’on n’allait pas encore une fois se foutre de ma gueule, lâche un Van Damme dont les médias audiovisuels français ne se lassent pas d’épingler les déclarations plus ou moins loufoques . Il y a des gens qui comprennent mon langage, d’autres pas du tout. Ce n’est ni leur faute ni la mienne, c’est une question de manière de penser. Dans le film, ma pensée s’exprime, réelle, avec mes mots, et en même temps Van Damme l’interprète dit aussi des mots de fiction. J’ai aimé ce mélange, je m’y suis retrouvé… »

« IL NE FAUT RIEN REGRETTER »

S’il habite désormais depuis trois ans à Hong Kong, Jean-Claude avoue que la Belgique lui manquait, et que revenir au pays durant les trois mois de réalisation du film lui a fait grand plaisir.  » J’étais parti à 18-19 ans, j’ai dû faire vingt fois le tour de la Terre. Je me suis humainement enrichi au contact de toutes ces langues, de toutes ces philosophies différentes. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir découvrir tout ce savoir. C’est le succès de Bloodsport qui avait tout déclenché. Il m’a fait monter tout en haut et j’y suis resté un certain temps. Après, cette vie de star a fini par m’isoler du monde réel, de la société. Cette vie te fait passer d’un hôtel à un jet privé puis à une limousine puis à un autre hôtel en passant par un plateau de tournage. Tu pourrais être n’importe où, ou n’être nulle part… »

Van Damme évoque sans fausse pudeur  » les dégâts de la vie« , les erreurs commises en s’enfonçant dans un  » engrenage » que le confort du système favorise (même si les films deviennent médiocres et ne sortent plus qu’en DVD, le robinet à finances ne s’arrête pas pour autant de couler à flots).  » Mais il ne faut rien regretter, la vie passe tellement vite, s’empresse-t-il de dire à l’évocation de ces souvenirs pas si lointains. La scène de JCVD où je me confie directement, face caméra, n’est pas faite pour me justifier. Je n’ai pas à me justifier. Ce n’est pas ma faute si je fais bien ce que je fais, et que d’autres font mieux que moi ce que je ne fais pas… J’ai juste eu envie de m’adresser à cet objectif de la caméra, dont – pour l’avoir pratiqué depuis tant d’années – je sais bien qu’il va montrer des choses un peu différentes à mon sujet. » Le discours de l’acteur vagabonde volontiers, prend des chemins de traverse mais revient toujours, finalement, à cette idée d’éveil à soi-même, aux autres et aux choses, qu’exprime parfois maladroitement son concept d’être « aware ».

« MA GUEULE, ELLE PASSE! »

 » A20 ans, on veut changer les gens. A la quarantaine, on sait qu’il n’y a rien à changer. On apprend à s’occuper un peu mieux de soi-même. Je me suis souvent trop répandu avec les gens. Et après je rentrais à la maison comme un clown malheureux… », ajoute un JCVD lucide sur ses limites comme sur ses atouts.  » Chacun de nous a une destinée. Il y a des acteurs capables d’exprimer une grande réalité. Mais leur gueule ne passe pas. Moi, je suis un gamin de la rue, j’ai fait du karaté, pas l’école d’art dramatique. Mais ma gueule, elle passe! Même dans les films low budget, elle passe… »

Visiblement heureux de retrouver l’air bruxellois et de s’y sentir libre, l’homme respire une confiance nouvelle, et différente de celle qui habitait le jeune loup affamé de l’époque Bloodsport. « JCVD montre que j’aime les gens, conclut-il, et que c’est sincère. Je marche à l’amour, dans le travail comme dans la vie. » Nulle surprise dès lors d’apprendre que son prochain film, écrit, produit, financé et réalisé par ses soins, s’intitulera Full Love. En exposant désormais des facettes que nul n’avait vraiment sollicitées avant Mabrouk El Mechri, « notre » Jean-Claude n’a sans doute pas fini de nous surprendre…

u www.jeanclaudevandamme.be

ENTRETIEN LOUIS DANVERS

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