Un chien à ma table

© National

Faire partie des humains n’est qu’une façon très restreinte d’être au monde.” Avec Un chien à ma table, Claudie Hunzinger poursuit son exploration littéraire du lien à la nature, déjà largement entamée dans La Langue des oiseaux et Les Grands Cerfs. On y rencontre son double fictif, Sophie, retirée dans sa cabane des Bois-Banni, auprès de Grieg, son amour de toujours, et bientôt de Yes, chienne joyeuse malgré l’enfer domestique dont elle s’est échappée. Cette irruption animale renvoie Sophie à l’état d’osmose qu’elle ressent jour après jour, saison après saison avec ce monde qui bascule, entré dans le temps de l’effroi, mais dont elle s’évertue encore à débusquer la beauté. Comme son alter ego de papier, Claudie Hunzinger se fait sentinelle pour “éclairer la perte”. Alors elle nomme la nature, les essences d’arbres, les oiseaux. Elle les sauvegarde dans le langage, multiplie les énumérations, dans un geste presque politique, un ultime combat face au vertige de la disparition. Bouleversée par l’incandescente beauté de ce qui l’entoure, elle s’interroge sur la place qu’elle occupe dans cet écosystème, se posant en passant la question du genre, et s’attardant sur ce terrain d’exploration sublime: la vieillesse. Claudie Hunzinger nous offre à ressentir l’univers(el), appelle notre part instinctive et sauvage, celle qui nous unit au grand tout, s’inscrivant dans la tradition du nature writing, plus prégnante dans la littérature anglo-saxonne que francophone. Avec comme point de fuite la joie animale de sa chienne et le bonheur d’être au monde.

De Claudie Hunzinger, éditions Grasset, 288 pages.

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