Turbulences

Son premier roman, Ce qu’est l’homme, paru il y a deux ans, diagnostiquait le mâle occidental en neuf variations sur la solitude et la banalité du quotidien. Un livre brillant sur le déclin du rêve européen. David Szalay reprend le principe de l’enchaînement d’histoires courtes, sauf qu’il y brode cette fois un double fil rouge les reliant plus nettement les unes aux autres: les avions d’abord, qui font le pont entre les récits et créent l’illusion vertigineuse de la proximité; la structure narrative ensuite, qui fait d’un second rôle d’une nouvelle le premier de la suivante, comme autant de maillons d’une vaste chaîne humaine invisible. Ce procédé permet de créer une sensation de mouvement et d’inscrire le sort de ces femmes et ces hommes ordinaires pris dans les turbulences de l’existence dans une même communauté de destins. Une mère s’inquiète pour l’état de santé de son fils malade, un notable africain de retour de voyage ignore la tragédie qui l’attend chez lui, un pilote oublie ses déboires sentimentaux dans les bras d’une journaliste brésilienne… En douze escales courtes, de Londres à Londres en passant par Dakar, São Paulo ou Delhi, David Szalay prend le pouls vacillant de la planète. Ces tranches de vie qui s’éclairent mutuellement forment une histoire bien plus grande, bien plus vaste. On survole la condition humaine, plus souvent à l’altitude du doute et du désespoir que de la joie et de l’insouciance. Attentif à la moindre fibrillation de l’âme, le romancier illusionniste orchestre de brèves rencontres, mais émouvantes et mémorables. Attachez vos ceintures…

De David Szalay, éditions Albin Michel, traduit de l’anglais par Étienne Gomez, 184 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content