Triptyque intimiste

© ANNABEL WERBROUCK

« Un matin, on m’a téléphoné pour me dire que ma mère était morte devant sa porte. C’était en 2012. J’étais à Berlin et c’était très brutal. J’ai fait cette série, qui comporte une quinzaine de photographies, en retournant dans la maison familiale. Un vide-greniers venait de passer. J’ai pris beaucoup d’images au Polaroïd afin de préserver cette notion d’instantanéité. Je pense que l’argentique aurait eu un effet trop « beau », trop léché. Je voulais garder les marques du passage de ma maman sur Terre, ainsi que les nôtres, tout autant que faire mon deuil. La photographie comme outil thérapeutique. Cela a d’ailleurs été un tournant dans ma pratique: à la suite de cet événement, mon travail s’est fait beaucoup plus introspectif, personnel. Le buste que l’on voit est le mien, c’est un portrait sans visage. Il y a aussi ce galet que ma mère chipotait fréquemment pendant qu’elle exerçait son métier de psychanalyste. Le tube néon peut se comprendre comme une source lumineuse qui a cessé de remplir sa fonction. Ce travail est très intime et très personnel mais je pense que tout le monde peut se glisser à l’intérieur de ce qui est évoqué. »

Triptyque intimiste
© ANNABEL WERBROUCK

Née à Bruxelles en 1977, Annabel Werbrouck est géographe de formation. Elle s’est initiée à la photographie sur le tard (25 ans) et à la faveur de cours du soir. Après plusieurs années passées à Berlin, elle vit désormais dans le Gers. www.annabelwerbrouck.be

Chaque semaine Focus offre une carte blanche à une photographe belge ou installée en Belgique. L’occasion de revenir sur une image marquante de sa (jeune) carrière.

Triptyque intimiste
© ANNABEL WERBROUCK

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