Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Comme revient l’hirondelle des faubourgs, My First Time redébarque à la Toison d’Or. Un spectacle qui dézippe les premières expériences sexuelles.

J’avais 19 ans, j’étais la seule vierge que je connaissais et mes hormones me hurlaient de baiser », « J’ai trouvé ça vraiment surestimé », « Je me souviens très bien de ma première fois, j’étais tout seul ce jour-là »… Myfirsttime.com, c’est un peu comme Viedemerde.fr: un site participatif, sur lequel poster des anecdotes, s’abreuver de celles des autres, rigoler un bon coup et se sentir un peu moins seul avec ses expériences. Mais si sur Vie de merde on ne trouve que des mésaventures, sur My First Time – qui invite les internautes à relater leurs premières expériences sexuelles – il y a à boire et à manger. Des récits glauques et d’autres très beaux, des déceptions et des surprises agréables, de l’amour et de la haine… Un tel vivier de bonnes histoires qu’un jour, l’Américain Ken Davenport a décidé d’en faire un spectacle. Une pièce qui n’est pas sans rappeler Les monologues du vagin d’Eve Ensler, qui enfilent eux aussi les tranches de vie, entre rire et larmes. My first time a traversé l’Atlantique en mai dernier, pour une adaptation en français au bien nommé Théâtre de la Toison d’Or. La voilà qui fait son grand retour: elle squattera les planches du théâtre ixellois jusqu’au 12 décembre prochain.

CONFESSIONS INTIMES

Sur scène, une toile tendue sur laquelle défilent des citations de quidams et de peoples. David Duchovny y déclare ainsi « J’ai perdu ma virginité à 14 ans, et je ne suis jamais parvenu à la retrouver depuis. » Les baffles crachotent Le meilleur de soi-même, de France Gall: « La première fois / On ne se retient pas / On donne le meilleur de soi-même… «  Quand quatre comédiens font irruption, déversant leur flot d’anecdotes entre une chorégraphie en hommage au Patrick Swayze de Dirty Dancing et un blues ponctué de tambourin Fisher Price. Avant la représentation, ils ont invité le public à leur livrer des confessions intimes à travers un questionnaire indiscret: sur les planches, ils s’amusent donc à ôter le cache-sexe de spectateurs hilares et fascinés par des expériences qui s’avèrent, au final, très semblables aux leurs. C’est drôle, c’est emmené par des comédiens épatants prenant un plaisir évident à se retrouver là, c’est écrit comme on parle, chorégraphié dans les moindres détails, ça fait pshiiit comme un Fanta qu’on secoue… Mais ça fait aussi £uvre utile, en parlant (aux plus jeunes mais pas seulement) de contraception, d’homosexualité, de violence, de différence et de peines de coeur. Un dossier pédagogique a même été ficelé pour les écoles (assorti d’animations au besoin), et des capotes à l’effigie de la pièce trouveront acquéreurs dans les plannings familiaux. Dire qu’à notre époque – pas si lointaine -, l’éducation sexuelle se résumait à un film d’animation sur les poils aux aisselles et les poussées d’acné…

My First Time

Jusqu’au 12 décembre au Théâtre de la Toison d’Or, à Bruxelles. Mise en scène: Nathalie Uffner. Avec Julie Duroisin, Julie Lenain, Alexis Goslain et Marc Weiss.

www.ttotheatre.be

Myriam Leroy

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