Tous tes enfants dispersés

Désormais enracinée à Bordeaux avec Samora (l’homme qu’elle aime) et Stokely (leur fils), Blanche porte en elle, de façon tacite, la douleur des siens restés à Butare pendant et après le génocide des Tutsis, tandis qu’elle prenait la fuite vers la France. Lors d’un premier retour au pays, auprès d’Immaculata, sa mère, survivante des décombres, et Bosco, son frère désormais spectral qui a tout laissé de lui dans les combats, la jeune femme se sent étrangère, mise à l’écart de cette terre qui l’a vue naître. De l’expérience de la maternité, bouleversement intense, à une crise de couple en passant par un apprivoisement neuf entre mère et fille, Tous tes enfants dispersés ne se contente pas d’évoquer les stigmates indélébiles qui strient les familles dans l’après 1994, mais initie une réflexion profonde sur les métissages et les identités innées, acquises et transmises. Traversant pour la première fois le champ du roman en mesures aussi ancrées que poétiques, Beata Umubyeyi Mairesse fait résonner haut sa voix dans cette rentrée littéraire, grâce à cette mère et cette fille inoubliables qui, au-delà de l’indicible, doivent apprendre à retisser du lien et rester debout. On lui souhaite que la partition soit encore longue.

De Beata Umubyeyi Mairesse, éditions Autrement, 256 pages.

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