RUNDSKOP, LE GAMIN AU VÉLO, PULSAR, LES GÉANTS… LES MEILLEURS FILMS BELGES DE 2011 SONT AU PROGRAMME DU BE FILM FESTIVAL. L’ANNÉE TOUCHE À SON TERME: L’HEURE DU BILAN DE SANTÉ A SONNÉ.

Bozar et la Cinematek s’associent au Be Film Festival et deviennent 5 jours durant les lieux de rassemblement du cinéma du nord et du sud du pays ( lire encadré). La fête s’annonce donc royale pour cette rétrospective des films belges sortis au cours de l’année écoulée: l’occasion idéale pour prendre le pouls du 7e art made in Belgium. En 2011, en effet, quel est le visage du cinéma belge? Patrick Duynslaegher, ex-rédacteur en chef de Focus Knack, actuel directeur artistique du Festival de Gand, analyse:  » D’une manière générale, on peut dire que le cinéma belge traverse une bonne période. La preuve en est que cette année, faisant partie de la commission chargée de sélectionner le film candidat pour une éventuelle nomination à l’Oscar du meilleur film étranger, je n’ai pu que constater que nous avions l’embarras du choix. Il y a 10 ans encore, c’eût été impensable: un seul film, au mieux, pouvait prétendre à la course à la statuette. Cette fois, nous avons eu des discussions passionnées autour de 3 ou 4 titres. Voilà qui donne assurément une bonne indication de la richesse du cinéma belge aujourd’hui.  »

Pour autant, il reste impossible d’envisager une cinématographie nationale comme un bloc monolithique transcendant sa nature profondément protéiforme, multi-facettes. Vérité d’autant plus prégnante quand il s’agit de la Belgique…  » Oui, quoi qu’on en dise, poursuit Duynslaegher, il existe toujours 2 cinémas dans notre pays: un cinéma du nord et un cinéma du sud. Même si certains réalisateurs font aujourd’hui des films avec un profil moins précis… »

Passer la frontière

Si en effet, le floutage des frontières artistiques est plus que jamais dans l’air du temps, 2 cinématographies distinctes se détachent pourtant historiquement du paysage belge. Avec, dans les 2 cas, un contexte de production et des traditions propres.  » Sans chercher la nuance, reprend le Monsieur Cinéma flamand, on peut dire qu’on a un cinéma beaucoup plus commercial au nord, tandis que le cinéma d’auteur prédomine en région francophone, avec des films et des artistes qui sont représentés depuis un bon moment dans les grands rendez-vous internationaux. Je pense bien sûr à l’équipe de C’est arrivé près de chez vous , aux frères Dardenne, à Jaco Van Dormael… A l’inverse, il a fallu énormément de temps au cinéma flamand pour conquérir le circuit festivalier -ça fait seulement 3-4 ans qu’on commence à être sélectionné à Cannes, à remporter des prix, etc. Mais même quand ils affichent une patte auteuriste, les films du nord du pays conservent toujours un aspect plus commercial. On peut toutefois se réjouir que des cinéastes flamands parviennent désormais à concilier une vocation grand public avec des intérêts plus personnels. Je pense à cette génération émergente, les Felix Van Groeningen (La Merditude des choses) , Michaël R. Roskamp (Rundskop)  »

Signe marquant charrié par ces vents du changement, c’est donc bien Rundskop, formidable exercice scorsesien à la sauce flamande, qui a été préféré au Gamin au vélo des Dardenne, notamment, pour représenter la Belgique aux prochains Oscars. Un certain fossé tendrait donc aujourd’hui à se résorber: phénomène à même de donner tout son sens à un événement comme le Be Film Festival, qui rassemble films francophones et flamands sous une même bannière entendant célébrer le cinéma belge dans toute sa vitalité mais aussi, et peut-être surtout, son hétéroclisme, justement.  » Aujourd’hui, conclut Patrick Duynslaegher, il y a une vitalité du cinéma du côté belge francophone et du côté flamand, alors quand on met les 2 ensemble c’est encore plus riche évidemment, ce que reflète parfaitement un événement comme le Be Film Festival. On trouve chez nous des films qui traitent de sujets très locaux, bien sûr, mais il y en a d’autres qui voient plus large et découvrent d’autres horizons. Prenez le récent The Invader , de Nicolas Provost. Le film synthétise à lui seul les atouts et qualités du cinéma belge en 2011: il est signé par un cinéaste flamand, connu pour ses courts métrages quasi avant-gardistes mais qui décide de faire un premier long plus narratif, moins expérimental qu’attendu, et il le fait à Bruxelles, en français, avec un acteur d’origine africaine et sous un titre anglais! Voilà un film qui reflète le monde, à mille lieues des clichés que l’on peut avoir sur le cinéma flamand, et qui est vraiment singulier, unique dans sa fabrication. Le cinéma belge se doit aujourd’hui de refléter différentes tendances, diverses approches de la réalité: d’un cinéma très ancré dans le réel jusqu’à une certaine flamboyance, du fantastique, etc. Que cette diversité soit désormais possible dans un pays comme la Belgique, c’est vraiment formidable! » l

TEXTE NICOLAS CLÉMENT

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