JEU LO-FI ISSU D’UNE GAME JAM, TITAN SOULS CULTIVE L’HÉRITAGE DE SHADOW OF THE COLOSSUS AVEC TALENT. MAIS SES PAYSAGES 2D NE POUSSENT PAS À L’EXPLORATION.

Titan Souls

ÉDITÉ PAR DEVOLVER DIGITAL ET DÉVELOPPÉ PAR ACID NERVE, ÂGE 3+, DISPONIBLE PC, PLAYSTATION 4 ET PLAYSTATION VITA.

6

On les croyait enterrés six pieds sous terre depuis le milieu des années 90. Les boss de fin de niveau refont doucement surface depuis quelques mois. Bowser n’est plus le dernier dinosaure. Du très haut de gamme Destiny (de Bungie) au vachard Dark Souls II, les vilains claquent à nouveau du pixel derrière les manettes. Trio formé lors d’une récente Ludum Dare (1), Acid Nerve pousse ainsi cette logique à l’extrême sur Titan Souls. Le jeu indé qui doit beaucoup au Zelda de la Super NES se résume en effet à la succession d’une vingtaine de bad guys de fin de parcours.

Oubliés les quêtes annexes, les inventaires et autres palabres avec des personnages non joueurs. Titan Souls va droit au but pour des face-à-face épiques où plane l’ombre de Shadow of the Colossus. Production culte de la PlayStation 2, cette dernière habite ainsi le jeu hébergé par Devolver via des géants dont il faut observer les comportements et déduire les failles. Des joutes implacables qui jouent également sur les proportions en plaçant un héros minuscule face à des géants intimidants. Une version contemporaine et presque rétrogaming de David contre Goliath…

La filiation avec Shadow of the Colossus ne s’arrête toutefois pas à ces duels démesurés. Même s’il est réalisé en 2D, le jeu d’action/réflexion d’Acid Nerve plonge ainsi le gamer dans un univers muet tapissé de temples abandonnés et de ruines poétiques. Mention spéciale pour la bande originale maîtrisant à merveille l’art du crescendo instrumental, du bruitage aussi. Des stèles en mouvement aux pas étouffés dans l’herbe, le son permet de sortir des limites du pixel.

You Only Live Once

« Vous n’en avez qu’un seul »: se pratiquant obligatoirement au joypad sur sa version PC, Titan Souls tire son idée maîtresse du thème imposé par la Ludum Dare qui l’a vu naître. Et de fait, le joueur ne dispose que d’un seul projectile sur son arc à flèche. Une munition unique qui une fois tirée doit être récupérée à son point de chute, en traversant parfois l’arène de bout en bout. Ou en la rappelant, comme un boomerang. Dans les deux cas, cette « recharge » stresse puisqu’elle demande respectivement de se déplacer ou de rester immobile face à un bestiaire aux comportements rapides, vicieux et imprévisibles, du moins au début.

Chaque adversaire abrite ainsi un secret que la résolution permet de vaincre. Un boss en forme de cube dont certaines faces (creuses) ne sont pas mortelles. Des blobs qui se démultiplient. Un serpent aquatique électrifiant un lac sous-marin. Pas de barre de vie ici: toute blessure se solde par une mort. Certes, des roulades esquivent les coups. Mais l’apprentissage par le game overest voulu. Timing et observation s’érigent en règle. Un mantra de bon aloi qui manque toutefois de consistance tant le monde de Titan Souls ne pousse pas à l’exploration comme Shadow of the Colossus. Et cette impression qu’Acid Nerve aurait dû travailler plus longtemps sur la version payante d’un jeu qui à l’issue de la Ludum Dare était (et est toujours) gratuit (2).

(1) SOIT UNE GAME JAM OU UN MARATHON DE DÉVELOPPEMENT QUI DEMANDE À DES MICRO-ÉQUIPES DE CRÉER UN JEU DANS UN TEMPS ET UN THÈME IMPOSÉS.

(2) À ESSAYER SUR HTTP://CLAWMARK.ITCH.IO/TITAN-SOULSC

MICHI-HIRO TAMAÏ

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