Tintin en Amérique! A force, on avait fini par ne plus vraiment y croire, tant le destin hollywoodien du héros de Hergé aura mis longtemps à se dessiner. Entre Steven Spielberg et le reporter, la rencontre se fait, fortuitement, au début des années 80. Alors que viennent de sortir Les aventuriers de l’Arche perdue, le réalisateur est surpris de voir revenir dans les critiques les références à Tintin, et à l’univers de Hergé, dont il ignorait alors jusqu’à l’existence. Spielberg se procure les albums -le premier qu’il lira sera Les 7 boules de cristal- et est rapidement sous le charme, en même temps qu’il est convaincu de leur potentiel cinématographique. « Une chose qui a tout de suite frappé Steven, explique Kathleen Kennedy, sa productrice, c’est que Hergé aurait pu être cinéaste. Ses albums ressemblent à des story-boards. »

Le contact se noue alors entre les 2 auteurs, qui ont une longue conversation téléphonique, quelques semaines avant la disparition du dessinateur, en 1983: « Hergé connaissait le travail de Steven, poursuit Kathleen Kennedy. Il avait vu Les Aventuriers qui lui avait semblé réminiscent de ses propres récits d’aventures, et à la fin de la conversation, il nous a dit que si quelqu’un devait un jour adapter les albums de Tintin au cinéma, il aimerait que ce soit Steven. » Si Spielberg prend alors une option sur les albums, le projet reste longtemps en sommeil, avant de voyager -on parlera de Jaco Van Dormael et ensuite de Jean-Pierre Jeunet pour réaliser un film au départ des aventures de Tintin.

Retour à la case Amérique au début des années 2000, lorsque Steven Spielberg reprend une option. La première piste suivie est celle d’un film en images réelles -divers noms circulent alors, et Jamie Bell, le Tintin du Secret de la Licorne, se souvient avoir déjà rencontré le réalisateur à l’époque. La lourdeur pressentie du projet, ajoutée à la similitude annoncée avec la série des Indiana Jones, décourage toutefois le cinéaste. Les choses se décantent pourtant lorsqu’il découvre le travail de James Cameron pour Avatar. « Steven a réalisé que la technologie de la « performance capture » arrivait à un stade qui lui permettrait de restituer l’univers de Hergé. » Peter Jackson, dont la société, Weta, était en charge du volet technique d’Avatar, est alors associé au projet.

On connaît la suite: de la trilogie annoncée à grand bruit, on en est revenu à l’adaptation du diptyque Secret de la Licorne/Trésor de Rackham le Rouge, relevé d’éléments du Crabe aux pinces d’or. De la réussite commerciale de ce dernier -qui sort d’abord en Europe, Tintin étant quasiment inconnu aux USA- dépendra la mise en chantier de nouvelles adaptations. L’enjeu ne s’arrête pas au plaisir des tintinophiles: pour Nick Rodwell, et les Studios Hergé, c’est la perspective de voir le héros à la houppe enfin conquérir le marché nord-américain qui prend là une certaine consistance. A suivre, donc…

J.F. PL.

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