Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

GROOVE POURSUITE – Quinze ans après leurs débuts, le duo Teeba-Wherry fait appel à l’équipe. Et maintient le cap entre soul retro et hip-hop. Le braquage était presque parfait…

« Same As It Never Was »

Sur leur page Myspace, The Herbaliser se présente comme la rencontre entre James Brown et James Bond. Quinze ans après leurs débuts, alors que James Brown a passé l’arme à gauche et que James Bond a laissé tomber le sourcil ironique, le mot est-il toujours judicieux? Peut-être plus que jamais. The Herbaliser a démarré comme un duo: entre le b-boy Ollie Teeba, fan de rap, et Jake Wherry, davantage branché funk-jazz. Cette dualité s’est directement retrouvée dans les premiers disques du binôme, qui mélangeaient production hip-hop et sample de groove sixties et seventies. En d’autres mots, avant tout le monde, The Herbaliser proposait le retour à la soul vintage, aujourd’hui en plein boom: d’Amy Winehouse à Sharon Jones et ses Dap Kings, en passant par Jamie Lidell, ou encore Nicole Willis et ses Soul Investigators…

Des savants montages de samples du début, souvent instrumentaux, The Herbaliser est également passé à quelque chose de plus organique, et davantage calibré dans un format chanson. Récemment, le duo a quitté Ninja Tune, le légendaire label qui l’accueillait depuis le début. Un détail? Il a ici toute son importance: comme si la musique de The Herbaliser était devenue trop ronde (ou carrée, c’est selon) pour le groove biscornu habituellement hébergé par Ninja Tune. Certes, les deux compères constituent toujours le noyau dur de The Herbaliser. Mais depuis peu, ils ont totalement intégré au projet par exemple Ralph Lamb (trompette) et Andy Ross (flute, saxophone). Mieux: alors que The Herbaliser a toujours collectionné les vocalistes, Same As It Never Was réserve une place de choix à la dénommée Jessica Darling.  » On a de la chance, explique Jake Wherry. D’habitude, ce genre de fille est repérée à 16 ans et se retrouve signée dans une major deux ans plus tard. »  » C’est d’ailleurs ce qui a failli m’arriver!, raconte la jeune femme . Le management de Joss Stone voulait faire de moi une nouvelle Dusty Springfield. Mais cela a capoté. » Entre-temps, c’est Duffy qui a pris la place…

GAINSBOURG

Au-delà de ces changements en cascade, The Herbaliser garde cependant toujours les mêmes obsessions en tête: le cool sixties, les basses gainsbourgiennes (période Melody Nelson), les thèmes à la John Barry… Avec malgré tout, de-ci de-là, un sample plus incongru.  » Quand on est en tournée, on n’oublie jamais de fouiner chez le disquaire du coin. On ramène plein de vinyles déclassés, mais sur lesquels on trouve parfois l’un ou l’autre extrait intéressant. On peut sampler un disque de polka ou de folk grec, par exemple, comme sur le morceau Game Set & Match . » Plus pétaradant que jamais, le groove de The Herbaliser conserve ainsi intact son pouvoir de séduction. Comme la bande-son d’un éventuel Ocean Fourteen…  » A quel moment de la journée écouter ce disque? Définitivement quand vous vous enfuyez de la banque que vous venez de braquer… Il y a pas mal de morceaux de poursuite sur ce disque. » Run, run, run…

u www.myspace.com/theherbz

u En concert le 17/07, au Gent Jazz festival; le 19/07, au Dour festival.

u Ollie Teeba et Jake Wherry seront également en DJ set au Belga, à Bruxelles, le 20/06.

LAURENT HOEBRECHTS

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