The Father

À l’origine de The Father, le film consacrant le passage derrière la caméra du dramaturge français Florian Zeller, on trouve sa pièce Le Père. Créée en 2012 à Paris, celle-ci devait ensuite être jouée dans une quarantaine de pays avec un succès considérable, sa transposition au grand écran ayant suivi le même chemin, entériné par les Oscars du meilleur acteur pour Anthony Hopkins et de la meilleure adaptation pour l’auteur et son coscénariste Christopher Hampton. Zeller s’y empare avec maestria d’un sujet intemporel et universel il est vrai, confrontant un homme aux ravages de l’âge dans une mise en scène immersive. Au coeur du propos, Anthony (Anthony Hopkins, magistral dans une composition sans filtre), octogénaire que l’on découvre dans son appartement, alors qu’il fait subir ses assauts de mauvaise foi à sa fille Anne (l’épatante Olivia Colman, modèle de finesse), dévouée mais impuissante. Une première expression de la confusion s’étant emparée de son esprit, et qui va bientôt transformer l’horizon alentour en labyrinthe mental inextricable. Adoptant la forme d’un huis clos claustrophobe, le film de Florian Zeller réussit à absorber le spectateur par la grâce de son dispositif immersif qui, s’il peut désorienter par endroits, donne à partager le voyage intérieur de son personnage central, sujet à la démence sénile. S’ensuit une expérience de cinéma sans guère d’équivalent, cette chronique sensible d’un naufrage intime se révélant d’une bouleversante et pénétrante acuité. Une réussite exceptionnelle qui ne devrait pas rester sans lendemain, Zeller étant pour l’heure attelé à l’adaptation de sa pièce Le fils en un The Son qui réunira Vanessa Kirby et Hugh Jackman…