Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

The Cure en rémission? – Flamboyant dans les années 80, dispensable de lourdeur gothique la décennie suivante, le groupe tente la Cure de jouvence. Un pari un peu embrouillé…

Distribué par Universal.

On se demande ce que peut bien encore représenter la musique du Cure en 2008. Bien sûr, il y a des statistiques pour répondre à cela comme le Sportpaleis d’Anvers de mars, rempli à ras bord de jeunes pousses gothiques et de rescapés de la new wave 1978. C’est l’époque où j’ai découvert le groupe via un méchant petit single, semi-ballade tonique bourrée de réverbération – le tic majeur – titrée Killing An Arab. C’était par une journée froide comme l’histoire de meurtre que la chanson racontait. Déjà, un premier malentendu: le disque s’inspirait d’Albert Camus, écrivain franco-algérien humaniste n’ayant rien à faire avec le racisme supposé du titre. The Cure est né d’une époque trouble et formidable où les aventures soniques s’avançaient naturellement excitantes. La suite est un peu plus confuse.

La bande à Robert s’embarque pour une carrière XXL où même l’Amérique craque pour les relents pop de son patchwork gothique, un sommet artistique étant atteint par The Head On The Door, sixième album studio sorti au c£ur de l’été 1985. La préhistoire certes, mais un temps des cavernes propice à l’inspiration: Smith y conjugue mieux que jamais son tric-trac de compositeur pop et de prédicateur de jours pluvieux . Faut dire que les années 90 suivant le très réussi Disintegration (1989) seront assez moyennes. Quelques disques plus tard, on en arrive à ce numéro treize (…) qui semble partiellement renouer avec l’inspiration et l’adrénaline d’antan. Le premier titre, Underneath The Stars fait illusion, calé sur une mélodie bubblegum et des guitares électriques lourdes comme des bilboquets en suspension. Là, Robert, on est content de toi et de ton éternel pathos d’adolescent attardé ( Ndlr: il est né en 1959)! Le deuxième morceau ramène le souvenir du temps où Cure était un groupe possiblement essentiel. Ça patauge dans la troisième étape avant de reprendre un joli coup de fouet électrique au quatrième Freakshow.

Déjà entendu

Tube en Espagne, Smith y agite ses vieux fantômes écervelés. Et puis, s’avancent d’inutiles impressions de déjà entendu, comme si on nous refourguait de vieilles chaussettes sous de nouvelles couvertures. C’est l’effet de The Real Snow White qui ressemble à un titre des Rolling Stones plongé dans un bain acide/gothique. On perd donc l’intérêt, via la parodie curiste ( The Hungry Ghost) jusqu’à la combinaison tonique des titres The Perfect Boy/This, Here And Now. With You. Là, Smith & Cie ont encore l’hérésie virtuelle de considérer la pop comme aire de lancement de prototypes certes déjà mille fois vus/entendus, mais capables de nous faire croire à l’existence d’un autre monde. Cosmonaute Smith, m’entendez-vous? Euh, pas vraiment. Disons qu’au total, la transmission de l’objet laisse un peu à désirer et donne le sentiment d’une mise en orbite à moitié réussie.

www.thecure.com

Philippe Cornet

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