Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE JEAN-MARC GOSSE ET PHILIPPE MANoeUVRE.

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C’est tout le charme et la magie des marchés aux puces… Il y a trois ans, sur une brocante parisienne, Alexandre Stanisavljevic qui fait dans le commerce de vieux vinyles se voit proposer quelques plaques par un passant. Ce dernier lui fixe rendez-vous à Montreuil. « La photo est de moi », lui dit-il devant un 45 Tours du Suédois Bob Asklöf. L’homme lui raconte avoir signé des pochettes pour Claude François et les Animals. Et lui sort quelques-uns de ces clichés. « Vous savez qui c’est? », lui demande Stanisavljevic devant un superbe contre-jour. « Je me souviens qu’il n’était pas très souriant, » lui répond son nouvel ami. Le musicien en question n’est autre que John Coltrane…

Roger Kasparian n’a pas seulement immortalisé tous les jazzmen à Paris dans les sixties. Il possède des sacs entiers de tirages originaux de Gainsbourg, Dutronc, Johnny, Françoise Hardy… Et a même suivi toute la scène anglaise naissante. Une vraie caverne d’Ali Baba.

Le documentaire de Jean-Marc Gosse et Philippe Manoeuvre raconte cette rencontre improbable, le parcours et le succès tardif d’un artiste depuis exposé à Londres, Lyon, Paname…

Roger Kasparian hérite de son père son intérêt pour la photo. Il commence par photographier les manoeuvres sur les chantiers. Puis des cérémonies de mariage. Après le service militaire, le hasard le met sur le chemin de jeunes gens de son âge qui sont en train d’écrire l’Histoire. De Who qui tournent en van pourri. De Beatles, encore accessibles qui mettent en scène leur arrivée à l’aéroport…

Avant de raccrocher au début des années 70 (le business changeait et ce n’était plus de son âge) pour reprendre la boutique paternelle et se consacrer aux photos de famille de la communauté arménienne, Kasparian a croisé les Stones (avec Brian Jones), Marianne Faithfull, les Kinks ou encore Serge Gainsbourg qui lui annonçait vouloir faire des chansons érotiques. Prises en des temps où on ne dénombrait encore qu’une seule chaîne de télé, ses photos racontent la réalité d’une époque. Captent les prémisses de ce qui deviendra la mémoire musicale des 50 années à suivre.

Si Jean-Marie Perrier et le directeur artistique de chez Rock and Folk étayent le portrait de ce drôle de bonhomme qui récupérait des pellicules 35 mm des chutes de télévision qu’il remettait dans ses cartouches, l’histoire passionnante de Kasparian méritait mieux que ce traitement somme toute assez banal et des commentaires d’Hugues Aufray et de Sylvie Vartan…

JULIEN BROQUET

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